Alors que l’accès à Internet vient d’être rétabli en Egypte après 5 jours de coupure, qu’un éditeur égyptien se fait agresser et que les événements s’enchaînent (manifestations, violence, arrestations, censure), le livre de Christophe Ginisty, Allons enfants de l’Internet est plus que jamais d’actualité : « Des citoyens « ordinaires » sont actifs, bruyants, engagés et aspirent pleinement à vivre leur citoyenneté sur le Web » et… sans recourir aux armes.
Christophe analyse avec une grande pertinence les répercussions de cette révolution technologique sur les pouvoirs politiques ainsi que leurs réactions face à celle-ci, notamment en période de crise politique.
Voici un extrait de son livre :
Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. Robespierre
Loin, très loin de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la censure sur Internet est un phénomène aussi planétaire qu’Internet lui-même. Souvent parée du prétexte de mettre un peu d’ordre dans un territoire de non-droit et qui serait dangereux pour les citoyens, la censure peut revêtir quatre visages différents, suivant les circonstances. (…)
La première forme de censure est l’anticipation. Celle- ci consiste à agir dès le déploiement de l’Internet pour concevoir un réseau qui soit totalement administrable et contrôlable par le pouvoir.(..)
La répression est la deuxième façon de censurer les individus accusés de publier des billets « subversifs » contraires aux opinions du pouvoir en place. C’est la méthode qui vient à l’esprit des autorités inspirées par une logique policière. Dans la « vraie vie », on arrête le contrevenant et, en fonction de la gravité du délit qu’il a commis, on le sanctionne en prenant soin de lui interdire tout accès au Web.(..)
La surveillance est la troisième forme de censure de l’Internet et elle se développe considérablement. La surveillance passive consiste à observer des informations publiques mises en ligne par les internautes eux-mêmes. Il suffit de passer quelques heures sur un réseau social quelconque pour constater que la masse d’informations publiées par les utilisateurs de leur plein gré est infiniment plus importante que celle des informations que tout citoyen soucieux de ses libertés individuelles et de l’intégrité de sa vie privée accepterait de confier à une quelconque autorité gouvernementale. (…) La surveillance intrusive est une deuxième façon de contrôler l’activité des internautes sur le réseau et elle se développe dans presque tous les pays du monde par la promulgation de nouvelles lois. Sous couvert de lutter contre de nouveaux fléaux (le piratage d’œuvres artistiques originales, le téléchargement illégal, la circulation de fichiers pédopor-nographiques…), les législateurs s’empressent de se doter des moyens légaux pour surveiller Internet. (…)
Quatrième et dernière façon de censurer le réseau, l’effort ou l’acharnement législatif qui consiste à édicter des lois spécifiquement conçues pour réglementer Internet. Habillée de la volonté de restaurer l’ordre moral sur le réseau, cette censure fonctionne comme si Internet était une galaxie étrangère sans le moindre arsenal juridique et comme si les délits commis sur Internet étaient différents des autres.
Mais malgré tous les moyens d’obstruction utilisés par les pouvoirs en place, la révolution internet se poursuit…
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