Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Novembre 1995
En 1992, Lewis Trondheim sort « Approximativement ». Cette bande-dessinée de près de 150 pages est une œuvre autobiographique nous présentant son auteur à l’époque des débuts de l’Association, dans le microcosme parisien.
Trondheim est devenu au fil des années une source d’inspiration inépuisable pour les jeunes auteurs de BDs, notamment par ses œuvres autobiographique (notamment « Les Petits Riens »). On ne compte plus les blogueurs qui écrivent sur leur vie en s’inspirant du maître. C’est donc ici la première œuvre véritablement autobiographique de Trondheim. On retrouve l’aspect instinctif et improvisé de « Lapinot et les carottes de Patagonie ». Clairement, l’auteur écrit et dessine sans but particulier, se contentant de lier introspection (à la limite du masochisme) et anecdotes.
Comme pour beaucoup de ses BDs, Trondheim fait preuve d’un talent indéniable pour nous intéresser avec du vide ou presque. Il arrive à récupérer le petit truc qui fait tout. Les personnages se retrouvent attachants, plein de vérité et nul doute que tout le monde se reconnaîtra à un moment dans une situation. Fait intéressant, on découvre également la vie de l’Association qui a eu un rôle majeur dans l’évolution récente de la bande-dessinée. On retrouve également la genèse de « La Mouche » (pour la parution au Japon) et les exigences des éditeurs face auxquelles l’auteur doit plier.
Le dessin animalier de Trondheim est immédiatement reconnaissable, faussement simpliste. On retrouve l’auteur en aigle aux yeux tout d’un trait, symbole de sa nature un peu névrosée sur les bords. Le tout est dessiné en noir et blanc, ce qui ne gêne nullement la lecture bien évidemment. La clarté de l’ensemble est d’autant plus vraie que le dessin ne possède pas d’ombres. Cependant, l’auteur parvient quand bien même, avec peu de choses et d’effets, à faire passer les émotions et les sensations.
Au final, cette BD est très particulière. Si elle réunit clairement tous les points forts de son auteur, son côté décousu pourra perturber les personnes habituées à des œuvres plus formatées. Pourtant, c’est là que se situe tout le talent de l’auteur : en naviguant à vue, il parvient à faire une œuvre passionnante que l’on dévore d’une seule traite. C’est clairement une œuvre fondatrice pour ce qui est des bandes-dessinées à caractère autobiographique.
par Belzaran
Note : 18/20