Jean-Louis BORLOO, alors qu'il était encore ministre de l'écologie, avait confié à Jean JOUZEL, climatologue de renom, une mission d'évaluation de scénario de référence. Cette mission s'inscrivait dans le contexte de l'élaboration du Plan national d'adaptation au changement climatique et des schémas régionaux du climat, de l'air et de l'énergie.
Le rapport, produit par les services de Météo France, vient d'être publié sur le site de l'ONERC.
On aurait pu s'attendre, à la simple lecture du titre de la mission, à l'identification ou la
caractérisation d'un scénario de référence qui aurait servi de bases aux travaux en cours
concernant l'élaboration de plans d'actions territoriaux d'adaptation au changement climatique.
Or, force est de constater qu'il n'en est rien.
L'important travail réalisé a visé à analyser, sur la base de l'ensemble des projections
existantes, la variabilité des indicateurs climatiques. Les résultats doivent ainsi permettre
d'éviter les actions de "mal-adaptation" et surtout faciliter l'identification des actions
"sans regret" (qui reste gagnante quelque soit l'évolution future du climat).
Les analyses sont présentées par grands quarts de la France (SE, SO, NE et NO).
Ce travail soulève toutefois plusieurs questions pour les acteurs des territoires, notamment les collectivités.
Tout d'abord, les scénarios analysés correspondent à des projections réalisées pour certaines
depuis plus de 5 ans. Ces dernières ne prennent pas en compte les évolutions des modèles de
simulation ni les évolutions mesurées du climat. Or, il semblerait que les dernières mesures
sont pires que les projections les plus pessimistes. Une petite analyse de la pertinence des
scénarios (cf. travaux de ESPON CLIMATE) aurait été intéressante.
Ensuite, ce travail de haute valeur scientifique a tous les travers des démarches scientifiques :
l'importance donnée à l'incertitude est telle qu'on peut se demander s'il est possible de
prendre une décision. Fort heureusement, quelqu'un qui aurait la double compétence serait
en mesure d'en tirer la substantifique moelle ... Mais ces profils restent relativement rares,
et encore faut-il qu'ils soient écoutés.
Au final, alors que cette mission répondait à une attente formulée lors de la phase de concertation préalable à l'élaboration du Plan national d'adaptation, on peut se poser la question de son utilité opérationnelle pour les collectivités et les territoires.