La petite exposition Revenants au Louvre (jusqu’au 28 mars) est l’accompagnement d’un cycle de conférences et de films très intéressant, mais l’exposition elle-même se visite assez rapidement, étant pour l’essentiel consacrée aux fantômes littéraires et historiques, chez Virgile (Hector), Shakespeare (Hamlet) ou Ossian. Cette partie un peu trop sage est heureusement complétée par quelques trouvailles plus intéressantes, mais on peut d’abord admirer ce tableau de Hans Baldung, Le chevalier, la jeune fille et la mort, sur ce thème fréquent de la rivalité amoureuse entre le vivant et le mort, souvent illustré, amis rarement avec autant de force : le cadavre se lève du tombeau, retenant de ses mains ses propres entrailles tout en attrapant la robe de la jeune file avec ses dents pour l’empêcher de fuir avec le beau chevalier.
La première trouvaille est donc un album de photographies spirites, comme il y en eut beaucoup vers 1900 (voir l’étude de
Clément Chéroux), révélant des ectoplasmes, des esprits invisibles à l’œil mais qui apparaissent dans l’image photographique. Celles-ci, dues au médium américain
Agnes Healy, sont assez fascinantes car elles font apparaître des esprits amérindiens : intéressante manifestation de refoulé à l’époque où sont massacrés les derniers indiens rebelles à la colonisation anglo-saxonne.
L’autre merveille, dans la vitrine centrale, est un jeu de 11 plaques de verre pour lanterne magique provenant du séminaire de Dignes (et conservées au
Musée Gassendi). Ces plaques sont articulées et le projectionniste-conteur pouvait ainsi changer la tête d’un personnage, faire bouger le bras armé d’un poignard de l’assassin ou animer la faux du squelette camard. C’est à la fois macabre et burlesque, et l’imagination se nourrit de ces plaques pour bâtir des récits fantastiques.
Photos 1 & 4 courtoisie du Louvre; photos 2 & 3 provenant du site du Musée d’Orsay.