Jean de la Lune-1931-Jean Choux/Marcel Achard
Lu chez Jean de la Lune (J.D.L.L.):
"Un jeune tunisien formule sa conception de la liberté
« celui qui veut faire l'amour ? Il fait l'amour, celui qui veut prier ? Il prie, celui qui veut prendre l'apéro ? Il prend l'apéro » ça me va!" ----------------------------------------- "Tu ne vas jamais aux collections
Tu préfères mette tes sous à plat
Pour t'acheter une belle maison
Drapée par les Dior du gothique
Mais comme on va pas cul tout nu
Et puis que d'abord moi je voudrais pas
Tu te sapes chez le couturier de ton cru
Qu'a des harnais démocratiques
Ça te va
Cette robe de dix sacs
Ces cheveux en vrac
Ce rien qui t'habille
Ça te va
Tes souliers pointus
Même s'ils sont fichus
Ça flatte tes gambilles
Ça te va
Ce sac en lézard
Qui fait le lézard
Sous ses airs plastique
Ça te va
Cet air sans façon
Dont t'as pris mon nom
Pour vive de musique
Tu ne vas jamais chez Rubinstein
Qu'a de la frimousse en comprimé
Qui pour deux plombes vous met en scène
La gueule des dames pour la parade
Et quand tu sors chez les snobards
Et que je te demande si t'es parée
Tu me dis avec ton air anar:
"Moi j'ai le soleil sur la façade..."
Ça te va
Cette gueule de dix ronds
Malgré ce que diront
Les cons de photographes
Ça te va
Ce dos qui descend
Sous l'oeil indécent
Des gars qui te gaffent
Ça te va
Tes carreaux mouillés
Quand ils ont regardé
La joie qui se défoule
Ça te va
Tes mains toutes comme ça
Par ce je ne sais quoi
Qui fait les mères poules
Tu ne vas jamais aux collections
Tu préfères coudre un peu de bonheur
Dans note carrée et faire ton rond
Loin des ballots et de leur système
T'es là jusqu'à la fin des temps
A m'écrire le courrier du coeur
Tu me lâches tout juste pour que j'aie le temps
De faire un 'chanson et dire que je t'aime
Ça me va
Ta prison dorée
Ta bouche adorée
En guise de serrure
Ça me va
Tes plats mijotés
Tellement qu'on dirait
Manger de la luxure
Ça me va
Ton air bienheureux
Qu'ont les amoureux
Qui restent fidèles
Ça me va
Qu'on puisse dire un jour
"Et quand à l'amour
Il n'a aimé qu'elle..."
-Léo Ferré-