S’il y a bien un domaine dans lequel l’innovation reste limitée c’est bien celui des sonneries de réveils : elles se ressemblent toutes. C’est sensiblement la même plainte stridente qui revient d’un modèle à l’autre, une sorte de hurlement venu d’ailleurs qui n’a décidément pas son pareil. Et puis alors dans tous les films ils ont le même réveil que moi, non pas le même réveil, jamais, plutôt la même sonnerie, peut être parce que personne n’a jamais pensé à la breveter, c’est une fatalité universelle. Lorsqu’un réveil sonne j’ai toujours l’étrange sensation qu’un typhon s’empare de mon âme et s’évertue à faire vibrer toute mon ascendance par delà les âges. Cette mélodie binaire n’est même pas digne d’un vieux fichier MIDI de jeu vidéo de la grande époque. Non elle me ferait plutôt penser à une nana qui se fait égorger en pleine relation bucco-vaginale avec un poney : attention les dents ! Dans les milieux autorisés il se dit même qu’un fabricant proposerait, certainement à un prix scandaleux, un modèle avec le cuicui des petits oiseaux, le bruit de la mer et celui de la chasse d’eau. Le genre de réveil qui me serait probablement insupportable : envie de me pendre à la table de chevet avec le cordon électrique en chantant *Alexandrie,Alexandra!* les pieds dans l’eau… c’est plus rigolo ! Sinon il y a ces irréductibles gaulois inconscients qui utilisent une belle station d’accueil JBL à $9’000 pour iPod/iPhone en guise de réveil, le tout étant de ne pas oublier de mettre l’iPhone en “mode avion” sous peine de dégâts auditifs irréversibles. Et je connais le problème puisque la dernière fois j’ai bien cru que le porte-avion Foch tentait un amarrage d’urgence au pied de mon lit. Voilù et comme je ne suis pas là pour vous faire l’apologie du réveil de l’australopithèque à l’homo sapiens à pinces, j’implore simplement les constructeurs afin qu’ils remplacent cette stridulation intenable par un air plus exaltant. La nuit arrive et je vous la souhaite bien bonne.