- Les Réquisitions de Marseille - Extrait du Film -
De Sébastien Jousse et Luc Joulé
Ce billet fait suite à celui ci et celui là - Voir également l’Après débat
Billet en cours de réalisation, merci de votre compréhension…
Le Conseil National de la Résistance avait élaboré un programme économique et social qui a marqué les années d’après-guerre.
CFDT Magazine de janvier 2005, consacre une page au film documentaire de Sébastien Jousse et Luc Joulé Les Réquisitions de Marseille (mesure provisoire) qui raconte la manière dont Marseille a participé à la reconstruction.
Voici la présentation qu’en fait le Journal du CNRS :
29 août 1944. Au lendemain de la Libération de Marseille, au sortir des combats, les ouvriers relancent sans attendre les ateliers tandis que l’épuration met en fuite les patrons accusés de collaboration. Des usines « sans têtes » produisent à tout va, animées par le désir de relever la Nation. Et on créé, pour les diriger, des comités de gestion.
Nommé Commissaire régional de la République par de Gaulle, Raymond Aubrac, figure mythique de la résistance, va donner à quinze grandes entreprises marseillaises les moyens de perpétuer cet élan. Comment ? « En appliquant une mesure propre à l’état de guerre : la réquisition », explique Robert Mencherini, enseignant-chercheur à la Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme d’Aix-en-Provence2, qui a minutieusement étudié l’événement. « Dans le Sud de la France, nombreuses étaient les entreprises placées sous contrôle de l’État et gérées par un comité auquel participaient les ouvriers. Mais ce qui fait des réquisitions de Marseille une expérience unique, c’est que quinze mille ouvriers furent concernés et ce, pendant de trois ans. » Une organisation du travail inédite que le chercheur a mis en valeur dans un précieux documentaire.
Au cœur du film, les Aciéries du Nord : « leur directeur, nommé avec l’aval de la CGT et des ouvriers, était assisté d’un comité consultatif de gestion. Symbole démocratique, ce conseil était composé de représentants du personnel - un ingénieur, un technicien, un ouvrier - et de représentants des actionnaires. » Et tous s’en portent bien : les ouvriers, qui voient leur salaire et leur travail s’améliorer, augmentent spontanément les cadences. L’entreprise est largement bénéficiaire. On investit les bénéfices dans des logements sociaux, on construit un centre culturel, on crée les premiers CE, etc… Autant d’avancées souhaitées par le programme du Comité national de la résistance (CNR) qui prévoyait, entre autres, sécurité sociale et retraite pour tous. « Dans la mémoire collective, la Libération est synonyme de lutte contre l’occupant. Mais elle porte aussi en elle un profond élan de contestation sociale et politique », poursuit le chercheur.
Ce documentaire n’est pas seulement un hommage aux acteurs de cette époque, il interroge aussi le présent. Raymond Aubrac l’explique bien, « Alors qu’aujourd’hui on débat sur les privatisations, plus personne ne se souvient des raisons pour lesquelles les entreprises avaient été nationalisées. »
Et la fin de l’aventure est riche, elle aussi, d’enseignements. Comme le dit CFDT Magazine, l’idée des comités de gestion est loin de faire des émules à Paris. Certains patrons commencent à parler des « soviets de Marseille ». En 1947, alors que la guerre froide se dessine,le Conseil d’Etat annule les réquisitions. L’Etat, qui risque d’être condamné pour abus de pouvoir, reverse aux actionnaires la majeure partie des 600 millions de francs de bénéfice réalisés par les quinze entreprises. “ Le problème, c’est que nous avions fait la démonstration que ouvriers, cadres, ingénieurs et techniciens réunis pouvaient travailler ensemble sans barrières et mener une entreprise aussi bien que les patrons », confie albert Fabre à la caméra, ancien ouvrier des Aciéries aujourd’hui décédé.” Sources de cet article…