A un ami (qui n'a pas le moral)

Publié le 02 février 2011 par Laurelen
Tu es mon ami. Mon petit frère que je n'ai pas en vrai. On s'est récupérés, souvent à la petite cuillère. Tu m'as empêché de mourir. Je t'ai aussi, à l'occasion, sauvé la vie. Qui, comme disent les cons, vaut la peine d'être vécue. Qu'en savent-ils, les cons en question, de la peine, du chagrin, du coût de la vie, du coût de l'amour, du coup de boule, du coup à l'âme, de la souffrance, trop lourde à porter, trop dure à supporter, de la brûlure lente de l'âme et du coeur que nulle bande de gaze, nulle pommade, nul grand ponte du service des Grands brûlés du CHR ne pourra soigner ?
Tu es mon ami. A la vie, à la mort. A la vie, je préfère. Faut-il qu'on soit stupides, pour jouer à l'homme, pour ensuite pleurer comme des bébés dès que notre vie est malmenée. Le problème est là : nous SOMMES stupides. Toi, moi, et tous les hommes.
Voilà, en ce moment, tu as mal. Un grand garçon. Un homme. Un beau gosse, selon des témoignages recoupés. Je ne peux rien pour toi, mon ami. Sinon être près de toi. T'attraper, te secouer, te mettre un pain, aller me saoûler la gueule avec toi, et passer le reste de la soirée à jouer aux cartes, à regarder d'antiques photos, à brûler des idoles, à se lamenter sur nos sorts respectifs, et à s'endormir, finalement, où on peut, envahis de rêves incertains, avant le café du lendemain, en secours des tambours malbars qui résonnent sans fin sous notre boîte cranienne.
Je ne peux que ça, mais je le ferai.Pour toi. Pour moi. Pour les petites choses qui persistent à nous aimer et à nous appeler papa. J'espère que tu ne m'en voudras pas.

François GILLET