Dehors, il fait tempête. Une belle tempête de neige durant laquelle je me sens choyée d'être à la maison. Maison silencieuse durant l'heure de la sieste des enfants.
Dehors, il fait tempête. Je profite du sommeil de mes enfants pour préparer mes bagages car je pars demain à des kilomètres de la maison pour donner un atelier à une équipe de IT pour une grande entreprise. Et hier matin je quittais les miens avant que le soleil ne se lève pour une entrevue à la radio. Dans moins de deux semaines, je quitterai à nouveau le nid familiale pour aller rejoindre un groupe de Muses pour l'escapade créative d'hiver.
Dehors, il fait tempête. Mais à l'intérieur de ma maison, malgré son joyeux (et éternel) fouillis, se révèle la femme que je suis et que j'ai envie d'être. Une maman-à-la-maison-entrepreneur, un peu bohème, souvent pressée, parfois (ou toujours?) débordée mais qui est en amour avec la vie qu'elle s'est créée. Mon camp de base est là où je me sens bien.
Depuis toujours, j'avais ce rêve qui brûlait en moi mais qui ne trouvait ni mot, ni façon de s'exprimer correctement. À 17 ans, je me voyais clairement travailler avec les couleurs, les textures. Architecte? Designer d'intérieur? Mode? J'ai suivi les conseils de l'orienteur de l'école et je suis partie étudier en mise en marché de la mode loin de chez moi. À dix mille lieux de ce que je suis, le milieu de la mode, dans lequel j'ai travaillé en étant représentante pour une ligne d'importation, ne correspondait pas du tout à ce que je portais en moi comme rêve. À 19 ans, lorsque tu réalises que tes choix ne t'ont pas amenés là où tu croyais devoir aller, tu poursuis ta route plus loin en espérant enfin trouver le trésor que tu cherches.
J'ai poursuivi ma quête sur les bancs d'universités puis sur le marché du travail dans de grandes entreprises. Mais je n'y ai pas trouvé mon coeur.
Le jour où je suis devenue maman, j'ai mis un premier pied dans MA vie. Mais j'ai poursuivi ma quête en travaillant à la pige et en télé-travaillant tout en ayant les enfants avec moi à la maison. Et le jour où j'ai tout lâché pour me consacrer totalement à mes deux enfants et à ma troisième grossesse, j'ai mis mon deuxième pied dans MA vie.
Rapidement, j'ai été attirée par ce qui faisait vraiment vibrer mon coeur. Je me suis mise à photographier mon quotidien. À l'écrire. À le partager. Je me suis mise à jouer avec les couleurs et les textures. Ce lâcher-prise a été en fait un tremplin pour moi. J'ai été propulsée dans ce que je porte de plus beau en moi. Et le plus beau là-dedans c'est de réaliser que tout se fait sans efforts démesurés. D'accord, bien entendu je cours à gauche et à droite, c'est le joyeux fouillis à la maison, mais je n'ai pas l'impression de travailler. Je m'amuse!
Dehors, il fait tempête. À l'intérieur il y a un grand panier qui déborde de vêtements à laver, des moutons en liberté sur mon plancher, la vaisselle du dîner sur le comptoir, le lave-vaisselle à vider, mon studio de couture transformé en zone sinistré, des jouets à ramasser. Mais il y a aussi mes enfants qui sont au chaud dans leurs lits et moi qui prépare mes bagages en vue d'un atelier vraiment stimulant.
Je l'écris ici aujourd'hui pour me rappeler doucement que je porte ce rêve en moi depuis toujours et que, les jours de tempête et de grands vents, je dois vivre avec la certitude que le calme, l'ordre et l'équilibre reviennent toujours. Surtout quand j'ai les deux pieds dans MA vie.