Déambulant dans un univers teinté de milles couleurs, Zosen, artiste originaire d’Amérique Latine et résident à Barcelone, fait partie de cette génération de street artistes qui ont évolué au grès des mutations d’un art, devenu symbole d’une époque. Que ce soit au travers de ses typos, que de ses cartoons délurés, Zosen aime innover, se creuser la tête et faire passer des messages tout en en subtilité.
Un artiste au sang chaud qui trouve à travers ses gentils personnages un exutoire à sa soif de liberté. Car merde alors, comment un mouvement avec un dénominatif tel que « Street art »peut se passé de la rue ? Et comment resté libre sans pouvoir y évoluer à sa guise ?
Rencontre,
Roaming in a universe tinged with thousand colors, Zosen, artist native of Latin America and Barcelona’s resident, have growth in this generation of street artists that have experienced the mutation of an art, that becomed symbol of a time. Whether it is through its typos, that of its bold cartoons, Zosen likes innovating, racking himself the head and making messages pass with subtlety.
An artist in the warm blood which finds through his kind characters a release of his thirst of freedom. Because shit then, how a movement with a denominative such as « Street art » can do without the street? And how could we remain free without being able to evolve in this street as one pleases ?
Meeting,
Salut Zosen, petite question récurrente pour commencer : quelle heure est-il, et où es-tu alors que tu réponds à notre interview ?
Salut Jekyllethyde, je suis chez moi à Barcelone et il est 11h15.
Hi Zosen, lets start with our classic shit ;
Where are you, and what time is it while you are answering to ours questions ?
Hola Jekyll and Hyde, I’m at home in Barcelona and is 11:15h in the morning.
Peux-tu rapidement nous présenter ton parcours ?
Je suis né à Buenos Aires en 1978, avant de migrer vers l’Europe à l’âge de 12 ans. J’ai ensuite commencé par faire du graffiti avant de m’intéresser à l’illustration. Cela m’a permis de parcourir le monde, de rencontrer des gens intéressants, et de participer à des projets plus exaltants les uns que les autres !
De l’édition de fanzines à la réalisation d’actions et de performances dans la rue, l’organisation d’événements, ou encore la création d’Animal Bandito, mon label de mode créé avec Claudia Font. Nous produisons des fringues en édition limitée 100% Barcelone !
Can you quickly introduce yourself for those who don’t know you ?
I was born in Buenos Aires, Argentina in 1978 and move to Europe when I was 12 years old. I started by painting graffiti (wich i still practise since almost 21 years now), before starting doing illustration’s work.
It permitted me to travel in different cities all over the world, from southamerica to northamerica or europe, and to work on exiting projects ! From participing in recorded street actions, doing performances and edit ‘zines like Come Mierda, or organizing and curate shows, connecting with people all around the world.
Last but not least I have a fashion design label together with Clàudia Font called Animal Bandito. We produce limited edition clothes all manufactured in Barcelona.
Te rappelles-tu de ta première peinture / de ton premier mur ?
Pas vraiment de ma première peinture, puisque je peins depuis que je suis tout gamin avec mes frères et sœurs. Mais mon premier graff, remonte à 1991 sous un pont dans la banlieue de Barcelone. C’était une pièce collective, avec deux potes, où chacun de nous peignait une lettre car à cette époque il était assez difficile de se procurer des sprays. Alors, on faisait comme tout le monde… On volait des bombes Duplicolor dans les grandes surfaces !
Do you remember your first paint / first wall ?
My first paint probably not because I paint since I was a kid with my brother and sisters but my first graffiti was in ’91 under a bridge in the suburbs of Barcelona together with two friends. It was a collaborative piece, where each one painted one letter because at that time it was difficult to find spraypaint… So, we used to stole duplicolor cans in big supermarkets.
En quoi ta technique a-t-elle évoluée depuis ce temps là ?
Les cultures skate, punk et DIY (do it yourself) m’ont énormément influencé. J’ai donc rapidement été amené à expérimenter en combinant le graffiti classique (styles, chrome, trains…) avec des personnages un peu fous, type cartoon. J’ai ensuite découvert de nouveaux artistes en dehors du « Graffiti » qui m’ont permis de développer ma vision et mes techniques. Aujourd’hui je suis vraiment curieux de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux processus de création, de nouveaux formats… Bref, continuer à apprendre !
How your tecnic have evolved since that time ?
As I was influenced by different movement such as punk, skate culture or DIY, I started to experiment with different styles, combining classic graffiti (styles, silver pieces, trains…) with crazy characters. Mixing typography with cartoons was a good thing, but then I encountered other artists than graffiti writters, which permitted me to experiment with other techniques. Nowadays I’m really curious about processes and formats, and I think we’re learning during all our life.
Quelle méthode de travail et support préfères-tu ?
J’ai pris l’habitude de toujours dessiner avant de me lancer sur une toile, mais sur un mur je peux improviser sans problème. J’aime énormément les gros murs, mais la peinture sur toile ou la sérigraphie, ça a aussi son charme….
What work method, and what support do you like the most ?
I use to draw before painting a canvas, but with a mural I can improvise without a problem. I really like the big walls format but also a good paint on canvas. Silkscreen is good too !
Quelle a été ta première motivation en tant que graffeur quand tu as commençé ta carrière dans le monde de l’art ?
OCe qui est difficile à définir c’est justement quand cette carrière à bien pu commencer ! Je fais ça depuis longtemps maintenant; J’ai commencé par faire du live-painting, après des expos dans des petits lieux puis dans des galeries. Je pense que ma motivation première c’est cette envie de constamment créer des choses, experimenter avec les couleurs, découvrir… Et puis tu sais, je ne connais pas trop le fait d’avoir du temps libre ou des vacances, j’ai toujours besoin de bosser !
What was your first motivation as a street painter when you began you career in the art world ?
I don’t really know when my street painter “career” started. I’m doing this for long time, before live paintings, after exhibitions in small places and then galleries. I think my motivation is create things, experiment with color and have a finished piece. I don’t know about having “free time” or holidays, I need to do stuff always !
Tu as un style très coloré, que l’on pourrait qualifier de typique pour Barcelone. Quel a été l’impact de la ville sur ton boulot ?
Le graffiti à Barcelone est très coloré et libéré. Je ne sais pas si c’est la mer, le passé révolutionnaire de la ville, son climat, ou encore tous les excellents artistes qui y font carrière. Ce que je sais par contre c’est qu’à la fin des années 90, on a commençé à aller plus loin dans ce mouvement qu’on appelle aujourd’hui « Street Art ». Ce n’était pas un mouvement organisé, c’est juste arrivé comme ça… Et avec du recul j’ignore comment serait mon style si j’avais grandi ailleurs.
Mon travail est donc un échantillon de ce qu’est la ville de Barcelone : un mélange des cultures d’Amérique Latine, d’Afrique et de la Méditérannée.
Your style is very colorfull, wich is typical for barcelona. So how was the impact of the city on you work ?
Barcelona’s graffiti is really colourful and free. I don’t know if it’s because of the sea, the history of anarchists living there, or all the great artists who come to develop their carrer. All i know is that in the late 90′s, we started to experiment and go further with what we call today « Street Art ». It wasn’t an organised movement, it just happened… And I don’t really know how would be my style if I had grown in another city.
Ressens-tu cette même énergie dans la ville aujourd’hui ?
Absolument pas, la ville a beaucoup changé… Avant, il était possible de peindre de gros murs en pleine journée, sans avoir de problème avec la police, ni avec les voisins ! Le pire, c’est qu’ils nous amenaient même à manger ou à boire !
Mais depuis janvier 2006, et leur loi de tolérance zéro, il est interdit d’exercer n’importe quelle activité dans la rue. Ni musique, ni skate, ni fresque (juste des murs gris), ni échange, plus rien ! Ils vont même jusqu’à t’infliger une amende pour avoir bu une bière dans la rue…
Do you feel the same energy in the city today ?
Absolutely not! The city has changed a lot. Before we painted at day time big murals in the downtown, no problem with police after you speak with them, and no problem with neighbours too! I remember they even used to give us food or drinks… But since January 2006 it is forbidden to do any spontaneous activity in and on the streets! No street music, no skate, no murals (just grey walls), no naked, no nothing. A really strict zero tolerance law !
Now they are able to sue you, just because you are drinking a beer in the street ! Isn’t it absolutely stupid ?!
Où as-tu ressenti la plus intense énergie durant tes voyages ?
A de nombreux endroits, comme lors de mon premier passage à Sao Paulo avec Fefe Talavera, à Buenos Aires avec Germen et Zostor, au Chili avec Pohyo et le Fumakaka’s crew, ou encore aux Iles Canaries avec Los Brujos…
Mais je peux te raconter une anecdote: c’était en septembre 2006, pour mon premier passage par la grande pomme, New York. A peine arrivé de mes sept heures d’avion, je pars rejoindre un ami activiste de la rue « Momo » à son studio de Brooklyn. Il m’attendait pour rassembler les pièces d’un Totem, pour notre action de la soirée. Je ne savais pas de quoi il s’agissait alors j’ai simplement peint du bois et fait une sieste avant que Marie Lorenz arrive avec un bateau ! Nous sommes ensuite partis en direction de la East River à 5h du mat. C’est là que j’apprends l’idée de poser notre totem au milieu de l’eau… sur un pilier. Après avoir lâché les amarres et mis notre bateau à flots, nous pagayions depuis la rive, en cherchant un endroit où installer notre totem.
Mais la marée était haute et la plupart des piliers d’amarrage sous l’eau. Qu’à cela ne tienne Momo finit malgré tout par trouver un spot et commence à y attacher le bas de notre « sculpture ». Le problème c’est que la partie supérieur de la structure avait trempée dans l’eau depuis déjà une demi heure, et était donc bien plus lourde qu’avant. On a donc dû larguer la moitié du totem, afin de pouvoir l’installer avant que notre embarcation ne coule elle aussi ! L’installation s’appelait « Buena Suerte » (Bonne chance), et je la voyais là, flottant sur la East River à l’aube de mes premières heures à New York… Un moment magique !
Where have you felt the better energy while traveling (concerning street art) ?
Many times like my first time in Sao Paulo with Fefe Talavera, Buenos Aires with Germen and Zostor, Xile with Pohyo and the Fumakaka’s crew, Canary islands with Los Brujos…
But I can describe one story: It was in September 2006, the night I arrived to New York. After a taxi from Manhattan I arrived to Momo’s studio in Greenpoint, Brooklyn. He was waiting for me to assemble some pieces of a kind of tótem for the night action. I painted some woods before Marie Lorenz arrived with a boat. We went straight to the East river at 5h in the morning. The idea was to build something off a piling, THE TOTEM.
We throw the boat into the river and paddled away from the dock the wings of the bird figure extended far over the back, touching the water just a bit. We looked for a place to attach the totem. But the tide was high and most of the pilings were under water. Momo chose a piling and began to attatch the legs. We lifted the figure slowly, using the anchored legs as a fulcrum near the base. But the top of the sculpture had been hanging in the water now for nearly a half hour, and it was much heavier than before. We had to jettison the bottom half of the totem, was half as tall, but much easier to lift up standing. The name of the installation was Buena Suerte (good luck!) and dawn was breaking in my first hours in New York.
Fais-tu une différence entre le travail que tu fais dans une galerie et celui dans la rue ?
Dans la rue c’est gratuit, alors que dans une galerie tu payes !
Do you make a difference between the work you do in a gallery or in the street ?
In the street is for free and in the gallery you pay for it.
Comment perçois-tu l’important développement du street art dans les galeries ?
J’aime que les gens puissent vivre de quelque chose qu’ils apprécient. C’est un métier et c’est relativement respectable. Je pense également que c’est une étape à franchir pour obtenir une certaine reconnaissance dont la culture Street Art a besoin.
How do you see the huge expansion of street art in galleries ?
I like that people can make money doing something they love. It’s a profession and pretty respectable. I think is one step forward to receive the recognition that street art culture needs.
Crois-tu toujours en l’aspect revendicatif, voir politique du “street art” ou du “graffiti” ?
Parfois oui et parfois non. La première fois que j’ai vu des images des artworks de Barbara Kruger et Martha Rosler dans la rue j’ai pensé: Wow ! Les spots étaient vraiment cool et les messages si forts ! Cependant elles disposaient d’argent de la part d’institutions ou de financements privés. Avec l’art urbain tel que nous le vivons c’est différent, les artistes n’ont souvent que très peu de moyens pour exprimer leurs idées…
Après, c’est une manière de démocratiser l’art, et de prouver que tout le monde peut avoir son mot à dire… Bien entendu certains messages sont plus politiques que d’autres mais le simple fait de travailler dans la rue en attendant rien en échange est un choix à la fois politique et romantique. Tu creuses ta place dans la ville en disant haut et fort : je suis là, je suis vivant !
Do you always believe in the « political » dimension of « street art » or « graffiti » ?
Sometimes has the “political” dimension and sometimes not. The first time I saw pictures of Barbara Kruger and Martha Rosler artworks on the street I think: Wow! The spots are really good and the message is so strong, but they worked with institutional or private money. With graffiti is different, the artists are not waiting for money to do their pieces and you express what you want. For me is a way to democratize the art, everybody can do it.
Maybe some pieces/messages are more political than others but the fact to work in the streets not waiting for anything in change is really political and romantic too. You’re taking your place of the city and saying Im here, Im alive !
Illustration exclusive pour Jekyllethyde.fr
Parle-nous de l’illustration que tu as faite, spécialement pour nous, sur le thème Jekyll et Hyde ?
En ce moment je traverse une période d’introspection, qui me pousse à m’interroger sur les raisons de mon art. Voilà pourquoi j’ai choisi de faire figurer sur l’illustration l’aphorisme Grec « Gnothi seauton », qui signifie « Connais-toi toi-même ».
Tell us a little bit about the illustration you made for us on the theme Jekyll & Hyde ?
Im in a period of introspection this days and looking more into myself and aking me: why I do, that I do..
This the reason I had the inspiration in the greek aphorism « gnothi seauton ».
The Ancient Greek aphorism « Know thyself », Greek: γνῶθι σεαυτόν, gnōthi seauton , was inscribed in the pronaos (forecourt) of the Temple of Apollo at Delphi – according to the Greek periegetic (travelogue) writer Pausanias (10.24.1)
Passons maintenant au questionnaire spécial « Street Trick » (réponse en 1 mot) :
We have cook a special « Street trick » questionnary (you have to answering with one word only)
Street Heads : BOMBERS
Street Wear : ANIMALBANDIDO
Street Art : GRAFFITI
Street Credibility : PERSISTANCE
Street Sex : GRATUIT
Street Future : ARYZ
Street Legend : BUNY
Street Fake : TOYS
Street life : HOMELESS
Quel est ton pire et à l’inverse ton meilleur souvenir lorsque tu te penches sur ta carrière ?
Le meilleur : Voyager dans divers pays et rencontrer plein de nouvelles personnes, et leur culture.
Le pire : La jalousie, la compétition, la copie, les préjudices, les toys.
What is your best / and at the contrary worst, experience in the art world ?
Travel to different countries and know a lot of people and their cultures, the best.
Jealousy, competition, copy, prejudices, toys, the worst.
Des projets pour 2011 ?
Nous venons de sortir une collection d’assiettes et de tasses avec ma marque Animal Bandido. Je travaille ensuite sur un gros événement avec Kenor, H101 et Göla pour le mois d’avril à Paris… Ainsi que des projets de fresques en Italie en Mai, pour l’été… on verra !
What do you plans for 2011 ?
We just present our collection of plates and mugs with Animal Bandido, I have a big show with Kenor, H101 and Gola in April at Gallery Celal in Paris, some murals project in Italy in May and I need to confirm some projects for this summer.
Comment décrirais-tu ton univers en un mot ?
Couleurs
Comment définirais-tu la société actuelle en un mot ?
Matérielle
Comment définirais-tu le milieu de l’art en un mot ?
Tendances
Et enfin je te laisse le dernier mot pour la fin ?
Futur
How would you describe your universe in one word ?
COLORS
How would you describe present society in one word ?
MATERIALISTIC
How would you describe artistic world in one word ?
TENDENCES
And finally I let you give the last one (word) ?
FUTURE
Question bonus : Quelle question aurais-tu aimé que l’on te pose ? ( et sa réponse )
Que penses-tu de la plupart du street art que tu vois de nos jours ?
J’aime découvrir de nouvelles pièces, ressentir de nouvelles émotions, ou des petits trésor dans un coin de rue… Mais la plupart des gens qui se disent Street Artist aujourd’hui font de la merde ! Ils tentent de devenir les futurs Banksy alors qu’ils ne font même pas attention au graff, à son histoire, et au reste de la scène Street Art. Certaines personnes copient le style d’autres gens via internet, d’autres font des affiches, ou des pochoirs avec des images pop. La plupart de ce que je vois reste assez ennuyeux….
Mais bien sûr, et heureusement d’ailleurs, il reste encore un noyau dur d’artistes qui continuent à faire des recherches sur la technique, les thèmes et les bons spots. Pour moi le plus important, c’est d’être frais et d’agir en accord avec ses idées !
Bonus question : What question wished you to hear from us, we didn’t ask ? (and answer to it)
What do you think of most street art you see today ?
I like to discover new pieces, feelings, secrets in the streets of the cities but most of the people who call them street artists are doing shit right now, trying to be the next Banksy and they don’t know or care about the graffiti/street art history. Some people is copying the style of other people via internet or doing posters/stencils with pop images. Most of the stuff is boring but few artists still investigating on techniques, themes and searching for good spots.
For me the most important is to be fresh and acts according to your beliefs.
Zosen website
Animal Bandito Facebook