Formation plongée sous-marine de Marseille à Taba en Egypte ?

Publié le 02 février 2011 par Vincent Defossez

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L'Egypte a beau faire parler d'elle pour ses troubles intérieurs, je ne regrette pas d'y être "encore" allé la semaine dernière, à Taba, au Nord du golfe d'Aqaba.

Il y a des privilèges qui ne se refusent pas. Quand le dirigeant de Blue Lagoon, Osman Ersen, décide de remplacer la présence de sa société au salon de la plongée par un Eductour (comprenez voyage de sensibilisation pour prescripteurs potentiels) en Egypte à Taba auquel près de 40 responsables de clubs ou structures de plongée sous-marine tirés au sort sont invités et que vous en faites partie, je vous garantie que vous vous libérez illico pour profiter de l'aubaine !

C'est après un périple digne de ceux qui mènent en Polynésie que nous arrivons enfin à notre destination tant attendue. Jugez plutôt : quasiment 24 heures de trajet avec multe moyens de transport suite à une délocalisation de dernière minute de notre lieu d'envol initialement prévu à Paris puis transféré à Nantes qui nous a contraint a emprunter le TGV Paris-Marseille puis un bus Paris-Nantes pour enfin décoller pour... même pas 5 heures de vol ! Heureusement que ce genre de surprise est rare.

Arriver par ce côté de l'Egypte est un moment magique : survol du canal de Suez puis traversée de la pointe du Sinaï, vaste étendue désertique et vallonnée qui laisse entrevoir les vestiges de ruissellement éphémères de précipitations trop rares qui laissent leur empreintes semblables à des racines aux ramifications qui s'affinent et disparaissent dans le sol.

L'arrivée à l'aéroport de Taba ne ressemble en rien à celle que l'on peut vivre sur ces gigantesques aéroports internationaux : ici seule une tour de contrôle isolée et un vaste bâtiment modeste sont érigés à proximité des quelques pistes qui rappellent à s'y méprendre et non sans une certaine nostalgie l'aéroport d'Hurghada d'il y a quelques décennies, quand le tourisme de masse commençait tout juste à se développer et que les brochures des voyagistes mentionnaient encore avec un semblant de vérité une ancienne petite bourgade de pêcheur pour parler de celle qui est devenue une des capitales mondiales de la plongée vouée au destin des continuelles extensions des promoteurs immobiliers.

La ville de Taba, tout au nord de l'Egypte sur le versant est de la pointe du Sinaï, au sommet du golf d'Aqaba, ne connaît pas encore tous les effets de l'industrie touristique mais ceci ne devrait pas tarder. De l'aéroport situé à 800 mètres d'altitude, la descente vers la mer est impressionnante. Elle se fait via la route du serpent qui comme son nom l'indique est une route sinueuse aux virages qui s'enchainent au travers de collines pointues et pierreuses, ce qui ne va pas sans inquiéter quelques passagers peu confiants dans les instruments de sécurité du bus utilisé et dans la conduite du chauffeur occupé à répondre au téléphone.

Une fois rejoint la mer, nous apercevons l'Arabie Saoudite juste en face à quelques encablures et alors qu'Israël se trouve à 12 kilomètres au Nord, nous piquons vers le sud pour rejoindre l'Hôtel Marmara planté au pied d'une Montagne haute d'environ 500 mètres et en bordure de mer. Là nous découvrons un établissement de bonne facture aux prestations honorables tel que les Egyptiens savent en construire : grand hall accueillant, piscine vaste et bien dessinée centre des lieux, pelouses vertes où sont plantés les petits bâtiments rassemblant les chambres vastes et confortables.

Après une collation et un repas très agréable et bien mérité, l'ensemble du groupe disparait pour un repos bien mérité.

Jour 2 : le soleil pointe son nez à 6H00 - c'est dimanche et la température est plus qu'honorable : vive le mois de janvier ! Un footing le long du rivage me permet de découvrir deux autres hôtels vers le sud, et d'autres aussi en construction. Malheureusement c'est aussi l'occasion de découvrir de nombreux déchets avec d'innombrables sachets et bouteilles plastiques... Bédouins qui vous êtes sédentarisés depuis que le gouvernement égyptien vous a construit des bâtiments d'accueil disséminés d'ici de là pour vous permettre de travailler dans les hôtels, n'étiez pas vous mieux sans ces déferlements de touristes et de vie moderne ?

Après un petit déjeuner pris dans la vaste salle du restaurant remarquablement bien organisé vu le nombre de personnes à accueillir, je me jette à l'eau avec mes palmes masque et tuba du bout du ponton de l'hôtel. Même pas froid avec une eau à 22°C, température idéale pour nager le long du petit tombant corallien qui s'enfonce au maxi à 6-8 mètres. Et la magie mer rouge opère vite : jolis coraux, chirurgiens, perroquets et clowns défilent sous mes yeux ! Je n'ai pas fait 500 mètres que je survole une tortue paisible : bienvenue à Taba.

L'après-midi est l'occasion de découvrir le centre de plongée WaterWorld, dont le directeur est un Bruxellois délocalisé depuis trente ans, à l'organisation remarquablement orchestrée dans les moindres détails, jugez plutôt : dès notre arrivée une caisse portant notre nom nous attend pour accueillir nos affaires de plongée. Nous embarquons, non sans avoir été contrôlés par les policiers en faction dans cette zone frontalière, à bord d'un yacht égyptien de 25 mètres de long offrant tout le confort standard des embarcations d'ici.

Nous allons plonger à "tête de princesse" Ras Amira, à deux pas du club Méditerranée. Une plongée d'une heure nous permet de découvrir un site sympathique, malheureusement avec une eau un peu chargée en particules. L'occasion de croiser de nombreux poissons clowns, de ptéroïs et de coraux de toutes sortes. Tout le monde est ravi. Après une bonne douche, vient le temps du repas précédé de l'incontournable animation apéritive de l'infatigable équipe d'animation, la même qui fera le spectacle après le repas pris dans la gigantesque salle de restaurant qui nous offres ses buffets gargantuesques dans une ambiance de supermarché le samedi après-midi !

Il est temps de se reposer et après un bref coup d'oeil aux péripéties assez réussies de l'équipe de GO, je décide de rejoindre ma chambre pour récupérer.

Jour 3 : Quel bonheur de contempler le lever de soleil matinal avec quelques foulées matinales vers le nord : dire que d'un coup d'oeil au delà de la mer ce sont l'Arabie Saoudite et la Jordanie que je peux entrevoir, alors qu'à l'ouest les collines me livrent leurs pentes abruptes illuminées par les premiers rayons de soleil.

Petit déjeuner copieux, puis route - en bus - vers la marina pour faire deux plongées dans la matinée. La première, Maxwells, nous permet de découvrir pendant près d'une heure des fonds plus clairs que la veille et plus profonds, où nous croisons bon nombre d'holoturies exhibant leurs jolis panaches et où je constate malheureusement que quelques (ir)responables de clubs sous prétexte d'observer ou de photographier se vautrent dans les coraux et les brisent sans sourciller : vous parlez d'un exemple ! Bref à part ces comportements malheureux qui m'ont bien fait pester et que je me promets de rappeler à l’ordre à la remontée, j'apprécie avec mon binôme Daniel la rencontre avec les fusillers, les poissons clowns, quelques murènes...

La seconde plongée, pour laquelle nous sommes à peine réchauffés du fait du vent du Nord qui ne cesse de souffler, se nomme "Zacks Tables". Sur des fonds de 15 à 20 mètres, elle nous fait découvrir de magnifiques "tables de corail" ou Acropora sous lesquelles se réfugient nombre de pensionnaires de la mer rouge. J'apprécie tout particulièrement un magnifique poisson pierre immobile parmi une nuée d'Anthias.

Retour de plongée vers 13h30, repas puis sieste bien méritée au soleil avant de partir nager vers le nord, et croiser à nouveau la tortue qui m'avait accueillie. S'ensuit un sympathique apéritif animé en bordure de piscine au cours duquel Osman Ersen nous remet sympathiquement un beau Tee Shirt souvenir du séjour, repas et prolongation par de joyeux échanges entre les différents responsables de clubs présents.

Jour 4 : Lever hyper matinal pour ma part après un sommeil bien profond et réparateur. A 6H00, le soleil se lève à peine et illumine de rouge les pentes pierreuses des montagnes environnantes. Un décor idéal pour entamer mon footing désormais quotidien, cette fois au bord de la route très peu fréquentée à cette heure. Oh surprise, un âne se joint à moi quelques instants pour m'accompagner durant quelques foulées !

Les deux plongées du jour s'appelleront Muqabila et Fjord. La première, à quelque mètres de la Marina et de la route, nous présente un relief vertigineux, continuité de la montagne qui s'enfonce dans la mer. Les plus chanceux y verront les barracudas, carangues et poissons grenouille ou "Frog fish". La remontée sur le bateau une heure plus tard nous fait découvrir un ciel voilé si bien que nous avons du mal à nous réchauffer. C'est ici que je prends encore conscience de la loi de la relativité : 21°C en Mer Rouge, c'est froid alors qu'à Marseille c'est bien chaud !

La deuxième immersion nous révèle un relief surprenant avec un "trou bleu" s'enfonçant à 27 mètres et des résurgences d'eau douce froide, siège de plusieurs anémones rouges, de poissons clowns peu farouches et d'une raie torpille.

Après ces deux heures de plongée nos estomacs crient famine et c'est avec un bonheur non dissimulé que nous nous attablons au restaurant du magnifique Hôtel Mariott entouré d'un golf à la pelouse insolemment verdoyante. Il est déjà 15H30 mais la sieste à quand même raison de nous.

L'apéritif, le repas et la soirée... dansante pour certains à la disco déserte de l'hôtel... se passent dans une bonne humeur et une convivialité propre aux plongeurs que la passion réunit.

Jour 5 : comme d'habitude nous empruntons le car pour les 5 minutes de trajet qui nous séparent de la Marina. Une fois sur le bateau, nous étendons cette fois notre rayon d'action avec une heure de navigation pour nous rendre à Farun Island (l'île du pharaon), une petite île au pied de laquelle nous ferons une plongée peu profonde pour y croiser murènes, poissons diodon et tetraodon, ptéroïs..le retour sur le bateau est un régal car aujourd'hui il fait délicieusement beau, le soleil nous réchauffe et sans vent la mer est un vrai lac.

La deuxième plongée nous ramène presque au pied de la Marina. Celle-ci s'appelle Angel's net et m'enchante par sa clarté, l'alternance de plages herbeuses et de petites patates de corail éclatantes de vie. J'y verrais de nombreux poissons cochers, quelques murènes et ma quête désespérée de tortue restera un échec... pour ce matin car nous reverrons celle de l'hôtel en allant nager l'après-midi.

Jour 6 : lever matinal à 6H30 afin de prendre le bus à 7H30 direction Dahab, à deux heures de route entre bords de mer, où camps et hôtels se succèdent, et montagnes pierreuses. Nous arrivons à l'hôtel Daniella où une rangée de Jeeps nous attendent pour partir plus au nord là où l'asphalte s'arrête pour nous emmener dans l'une des plus mythiques plongée au monde : le Blue Hole. Cette plongée incroyable se situe à proximité immédiate du bord et peut vous emmener directement à quelques centaines de mètres de fond au travers d'un puits vertigineux de quelques dizaines de mètre de large. Le Blue Hole porte bien son nom : ce véritable trou bleu où les records se sont succédés est un appel insolent à la violation des règles de sécurité et les plaques commémoratives fixées sur la petite falaise qui le borde sont là pour nous rappeler que nous sommes tous à peu près égaux devant les lois physiques et physiologiques et que les défier peut simplement coûter la vie pour quelques mètres à vouloir épater la galerie !

Nous nous immergeons à une centaine de mètres du trou bleu, la marche que nous franchissons suivie de la cheminée verticale n'est pas sans me rappeler certaines fosses de plongée parisiennes. Le tombant que nous longeons sur dix mètres de fond, abrupt et plongeant dans un bleu intense et profond nous laisse découvrir de belles carangues jaunes, de beaux anges ainsi qu'une jolie raie pastenague qui vient à notre rencontre. Enfin l'endroit tant attendu est là et c'est avec un plaisir non dissimulé que nous entamons notre descente dans le bleu, à des profondeurs qui ne sont pas dites dans l'histoire mais qui resteront sécuritaires. Ce site fait effectivement rêver et la perspective d'y faire des formations trimix vient immédiatement à l'esprit.

Le retour à l'hôtel Daniella de Dahab est des plus sympathiques, nous découvrons un hôtel sympathique à dimension humaine - 40 chambres - avec une petite piscine puis la plage depuis laquelle bon nombre de plongées sont possibles. Un site qui me séduit et dans lequel je pense planifier bientôt des formations, un peu comme celles que nous planifions beaucoup plus au sud à Marsa Shagra et pour lesquelles l'absence de planning bateau nous procure une liberté d'organisation et un confort de formation inégalés.

L'arrêt d'un heure à la ville de Dahab va nous permettre de découvrir une station balnéaire qui rapelle Playa del Carmen au Mexique ou Ko Thao en Thaïlande : succession de boutiques à souvenir, bars et centres de plongée innombrables... Il faut dire qu'ici plonger est simple, tout se fait du bord !

Retour à notre hôtel pour une soirée qui s'annonce calme : bien que la plongée soit finie pour cette semaine, l'éductour Blue Lagoon va nous emmener pour une excursion à Petra, en Jordanie.

Jour 7 : Après multe formalités douanières, le Petra Express nous emmène en 40 minutes de l'autre côté du Golfe, à Aqaba en Jordanie, la seule ville de bord de mer de la Jordanie, qui compte près de 7 millions d'habitants dont près de 100 000 à Aqaba. Trajet de 2 heures environ en bus, dans une lente ascension au travers du superbe désert montagneux qui nous emmènera à plus de 1000 mètres d'altitude, vers la deuxième merveille du monde après la muraille de Chine. Après un succulent repas à l'hôtel Movenpick aux décors riches et raffinés, nous pénétrons dans l'enceinte des merveilles archéologiques de Pétra, dans lesquelles Indiana Jones à laissé ses empreintes. Sous nos pas s'ouvrent de magnifiques canyons aux roches ocres. Bientôt nous découvrons de magnifiques palais, des tombes royales, des monuments d'un autre âge taillés à même la pierre. C'est magique, et le rythme effréné des appareils numériques en témoigne. Nous nous laissons séduire par un retour en dromadaire mené par un jordanien ressemblant à s'y méprendre au pirate des Caraïbes !

Notre journée s'achève et cet aperçu de la Jordanie donne envie.

La fin de cette excursion est aussi celle de notre séjour, aucunement perturbé par les tristes évènements de soulèvement intérieur du pays contre une monarchie remise en cause.

Vient l'heure du bilan, et tout d'abord des remerciements à Osman Ersen et Blue Lagoon pour un séjour Eductour remarquablement organisé, sans aucune pression commerciale mais avec un engagement passionné et amical qui laisse des souvenirs forts et des impressions marquantes.

Reviendrais-je à Taba ? Cette destination est séduisante, même si le type de plongée la destine plutôt à des amateurs de photographies aimant immortaliser une faune qui s'observe de près et qui livre ses meilleurs secrets en mode "macro". Le fonctionnement "club" du grand hôtel le prédispose aux amateurs de formules tout inclus avec animations, y compris pour les enfants avec le mini club. A mon avis, c'est une très bonne base de départ pour un séjour mixte farniente / snorkeling sur la plage / plongées / excursions voire fête à la discothèque.

Pour ma part moi qui reste un inconditionnel de la formule écolodge à Marsa Shagra et Marsa Nakari, j'ai eu un coup de coeur pour la formule proposée à Dahab par son côté intimiste et par le charme qu'offre la formule plongée du bord.

Merci à encore à Blue Lagoon pour ce nouvel éclairage sur la Mer Rouge, et pour votre engagement pour satisfaire les plongeurs que nous sommes.

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