combien de temps l'oligarchie fera-t-elle la loi en France ?

Si ces dernières semaines, l'oligarchie fait profil bas face à la colère populaire au Moyen-Orient, il n'en est pas de même de l'autre côté de la Méditerranée.

En effet, l'UMP ne cesse de lancer des réformes socialement plus régressives les unes que les autres.

Après la remise en cause des 35 heures, du statut de la fonction publique ^[1], de l'Impôt Solidarité sur la Fortune (ISF) ^[2], et du montant des indemnités chômage ^[3], ainsi que la récente suppression des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire ^[4], on pensait, qu'à l'approche des cantonales, la droite ferait profil bas.

Qu'elle éviterait les provocations en vertu du principe de précaution contre un mouvement populaire qui pourrait naitre du désespoir social et du formidable exemple de nos voisins de Tunisie et d'Égypte...

Et bien non, la droite la plus néo-libérale relance la «TVA sociale» ! ^[5] Notez qu'elle compte des supporters au Medef et au PS, parmi les soutiens de DSK ^[6], qui jurent la main sur le cœur que ce dispositif aurait peu d'impact sur le pouvoir d'achat des ménages les plus modestes.

Pierre Courtioux, du Centre d'économie de la Sorbonne, a mené une intéressante simulation de «TVA sociale». Sa conclusion est sans appel :

« nos résultats montrent une perte annuelle moyenne de pouvoir d'achat de 778€ et 432€. Ceci contribue à accentuer la disparité des taux d'efforts pour acquitter cet impôt, à la défaveur des ménages les plus modestes. L'impact de la TVA sur les inégalités de niveau de vie s'en trouve également accentué : au sein du système socio-fiscal français, l'effet redistributif de la réunion de l'impôt sur le revenu et de l'impôt de solidarité sur la fortune (6 %) est ainsi sensiblement atténué par l'impact anti-redistributif de la TVA qui passe de 3,8 % à 5,4 % ou 4,7 % selon le scénario.» ^[7]

C'est clair, la «TVA sociale» serait une réforme très inégalitaire, impactant davantage les classes populaires que les classes aisées. Une injustice sociale qui serait particulièrement renforcée par la suppression de l'ISF...

Les serviteurs de l'oligarchie - la droite au premier rang - osent encore annoncer ce genre de reculs sociaux au nom de la compétitivité des entreprises et de la lutte contre le chômage... A l'instar des autres réformes menées ces dernières années, l'objectif est de prendre aux pauvres pour donner aux riches, de voler le peuple au profit d'une caste oligarchique. L'insécurité sociale arrange le patronat : pourquoi s'en priverait-il ?

Malgré les oxymores audacieux tels que «TVA sociale» ou «capitalisme vert» et la propagande quotidienne des médias dominants, le peuple n'est pas dupe : la régression sociale est générale. Chacun peut le vérifier autour de soi.

Aussi, évoquer aujourd'hui la probabilité d'une révolution citoyenne en 2012 -portant le Front de gauche au pouvoir- n'est pas plus irréaliste ou dénuée de sens que l'évocation de la chute de Ben Ali à la fin de l'année 2010...

C'est ce qui explique, en partie, certaines déclarations qui donnent dans le relativisme et la confusion idéologique, à gauche ^[8] et à droite ^[9] pour mettre d'abord dans le même sac Front de gauche et Front national, puis pour avouer qu'en cas de "modernisation du FN", Sarkozy et Le Pen pourraient gouverner ensemble...

C'est la guerre des classes. L'oligarchie met tout en œuvre pour conserver ses privilèges. ^[10]

Notes

[1] des pas perdus - la fonction publique dans le collimateur des Sarkozy-Chérèque

[2] Slovar - L'UMP prépare la suppression de l'ISF

[3] Actuchômage - Pierre Méhaignerie et les allocations chômage : voici venue l'ère des "Rantanplan" de la politique

[4] parti de gauche - Allocations familiales : ils ont osé !

[5] Une autre vie - TVA associale, particulièrement injuste

[6] La tribune - Deux députés PS prônent une augmentation de la TVA

[7] Pierre Courtioux - Les effets redistributifs de la " TVA sociale " : un exercice de microsimulation

[8] L'Express - Pire que Le Pen ?

[9] L'Humanité - Les rêves nauséabonds d’Alain Minc

[10] On recommande la lecture de La guerre des classes de F. Ruffin, et des billets de GdeC et de Cpolitic