COUPABLE DE TRISTESSE (Pierre Morhange)

Par Arbrealettres


COUPABLE DE TRISTESSE

A la fin ne te sauvera plus la tristesse
Avec son mur usé tu seras confond
Les mots de tes amis devant toi passeront
Grands petits joyeux noirs ne disant rien de toi

Ma poitrine un jardin
Où dorment les oiseaux
Et quand mes yeux y brillent
S’y battent les oiseaux
Et quand mes souvenirs
Remuent dans la poussière
Les oiseaux fuient de là
Ma poitrine un jardin
Dans un été de ville
Seule dans l’âpreté
Quand les maisons sont pires
Que monstres et rochers

Et ce livre est dessous
La plus large des mains
Elle nous porte tous
Charpente de chagrin
si les oiseaux y chantent
Vivent légèrement
Je suis de la charpente
Et je connais la main

I1 faut donc me chasser
Celui qui vous en prie
Est le coupable en vie

Mais dans le grand verger
Je suis un de vos arbres

(Pierre Morhange)


Illustration: Henri Matisse