Label: Roadrunner Records
METAL C’est souvent la même rengaine : peut-on devenir un groupe grand-public sans renier les fondements qui en ont fait le succès auprès des initiés ? Depuis quelques années, Avenged Sevenfold tente le grand écart, pour le meilleur et pour le pire. Exemple avec NIGHTMARE le dernier opus, fortement marqué par la mort tragique du batteur.
Commençons par le meilleur, parce qu’il y a du bon dans cet album. Le groupe ne joue d’abord pas dans la facilité : comme souvent dans le métal, une chanson ne doit pas durer moins de 5 minutes (exemple des 11 minutes de "Save me") tout en adoptant un ton épique avec une guitare-solo omniprésente, Avenged Sevenfold n’étant pas un des nombreux rejetons d’Iron Maiden pour rien. Mais le groupe est loin d’être une pâle copie de la bande de West Ham et l’on retrouve dans NIGHTMARE les nombreux styles qui ont marqué son évolution : du trash, comme sur "Danger live" ou "Natural Born Killer" ; du hardcore dans le morceau "God Hates Us" ; mais aussi de nombreuses balades avec "Buried Alive", "So Far Away", "Victim" (à la mémoire de leur pote décédé), "Tonight The World Dies" ou encore "Fiction" qui fait la part belle au piano. A la manière de la plage éponyme de l’album et de "Welcome to the Family", les autres chansons sont un peu de tout ça avec des mélodies très bien aiguisées. Bref, Avenged Sevenfold nous livre un produit varié, agréable à écouter et finalement de très bonne qualité.Devenir populaire c’est aussi le risque d’être populiste
Mais le mieux est parfois l’ennemi du bien et, si l’album est parfaitement bien produit, on à l’impression d’entendre quelque chose de trop lisse, de justement trop bien produit. Si la variété marque l’évolution du groupe, on en vient aussi à se demander ce que le groupe nous propose de spécifique. Devenir populaire c’est aussi le risque d’être populiste et de faire quelque chose trop consensuel. On se dit que ce NIGHTMARE est plutôt fait pour la nuit des tout petits et qu’il serait parfait pour le train fantôme des brandons, car on sent que le groupe est peut-être en train de prendre un virage « émo » (les insultes ont même été coupées, sacrilège !). Certes, on est loin d’une « tokyo-hotelisation », mais le risque d’un nivellement par le bas guète. Où est donc passé le métalcore teinté de punk mélodique (on pense à Bad Religion ou à No Fun at All) qui caractérisait le son brut de SOUNDING THE SEVENTH TRUMPET ?
Malgré tout, ce constat reste encore qu’un avertissement et leurs concerts cet été dans les festivals européens vaudront le déplacement, on a quand même toujours à faire à du métal et même, sur l’ensemble de leur œuvre, à du très bon métal. L’une des preuves est le respect dont bénéficie Advenged Sevenfold parmi leurs compères. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si l’enregistrement à la batterie a été assuré par Mike Portnoy des cultissimes Dream Theater. Et tout compte fait, on n’est pas mieux que les autres et on se met rapidement à siffloter et à taper les doigts sur la table en écoutant ce NIGHTMARE…
Ecrit par Jonathan Massonnet - Le 2 février 2011