Enfin un enthousiaste, Paco Durio, un proche, un ami, contrairement à ses prédécesseurs (I) (II)dans cette enquête il n’hésite pas à parier sur la gloire posthume, au moins auprès des artistes, de Gauguin.
M. P. DURIO
Mon affection pour l’homme était profonde ; mon admiration pour l’artiste, absolue.Son sens si pur de la destination décorative de l’art plastique, l’importance exceptionnelle de son apport personnel, la nécessaire réaction qu’il institua contre la décadence officielle de tous les arts, sa fécondité extraordinaire firent de lui, à mes yeux, l’égal des plus grands maîtres anciens.Quant à sa doctrine, plutôt que dans ses paroles je la lisais dans ses œuvres, dans son exécution si libre, si indépendante de tout parti pris. Je ne sais pas s’il eut raison, scientifiquement, théoriquement, contre Chevreul et les impressionnistes de la dernière heure ; je ne sais pas si son enseignement était impeccable : mais je témoigne de la beauté de son exemple, de la splendeur de sa création.Son intelligence n’atteignit guère qu’un groupe restreint, directement du moins. Il y a pourtant quel chose de lui, plus ou moins, chez tous les jeunes de ce temps, et je suis convaincu que toujours davantage les artistes dignes de ce nom auront souci d’un homme et d’une œuvre qui furent l’honneur immérité de cette misérable époque.Quant à son attitude, j’exprimerai sincèrement ce que je pense en disant qu’elle fut celle d’un martyr et d’un héros.
P. DURIO
Charles Morice Opinions sur Charles Gauguin. Mercure de France, N° 167, novembre 1903