A l’initiative de la loi Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité (Nome), Paul Champsaur, ancien président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), est aujourd’hui chargé par le gouvernement de fixer le tarif auquel EDF devra revendre son électricité nucléaire à ses concurrents. L’objectif majeur est simple : mettre fin à une concurrence insuffisante sur un marché juridiquement ouvert depuis le 1er juillet 2007. L’an dernier, la Commission de régulation de l’Energie (CRE) avait préconisé un tarif compris entre 37 et 39 euros le kilowattheure (KWh). Sa décision devrait être connue courant mars, sachant que c’est au gouvernement qu’incombera la fixation définitive du tarif par décret d’ici le 1er juillet prochain.
- Un choix cornélien
Pour Paul Champsaur c’est le dilemme qui se pose ! Le rôle du haut fonctionnaire est pourtant de proposer un prix auquel EDF devra céder à ses concurrents un quart de la production de son parc nucléaire. Mais que faire face à un gouvernement bien décidé à ouvrir le marché de l’énergie nucléaire alors que le plus gros producteur connu sur le territoire déclare ne pas vouloir céder « ses parts » en dessous des 42 euros déjà consentis par le groupe. Le PDG d’EDF, Henri Proglio, défend ses intérêts : il prône l’application d’un tarif minimal fixé à 42€ le KWh en estimant le coût complet du nucléaire à 46 euros : un effort de l’ordre de 10 milliards d’euros, jugé suffisamment important afin de consentir un prix de vente à 42€ le KWh. De l’autre côté de la barrière, les arguments militent en faveur d’un tarif de rachat calqué sur celui des particuliers, soit 35 euros le KWh. Le tarif préconisé par le gouvernement (entre 37€ à 39€), semble toutefois être un bon compromis entre le prix de 35 euros, pour lequel plaident les concurrents d’EDF et celui défendu par le producteur historique français.
- Le tarif bleu en danger
Il semble relativement évident qu’EDF sera contraint de se soustraire, quoiqu’il advienne, à solder son électricité nucléaire face aux standards européens de libre concurrence sur le marché de l’énergie. Jusqu’ici soutenu par l’Etat dans le maintien de tarifs parmi les plus compétitifs en Europe, la Commission Européenne ne compte pas laisser ces pratiques s’éterniser. La loi Nome va l’obliger à revendre un quart de sa production aux fournisseurs alternatifs (Direct Energie, HEW Energies, Poweo et GDF Suez).
Ne souhaitant pas céder ses acquis de longue date aussi facilement, EDF demande donc, en toute logique, des tarifs au plus près du coût réel de sa production. Les grands perdants de cette libéralisation forcée du marché seront donc les consommateurs pour qui la hausse des tarifs sera comprise entre 7 et 11 % dès 2011 selon l’UFC-Que Choisir.
- Avis de Sequovia
L’ouverture à la concurrence pour le nucléaire est une bonne chose au regard de la situation monopolistique qui s’était installée voilà des années de cela sur le territoire national. L’Europe, en facilitant la démarche concurrentielle, permettra sans aucun doute aux consommateurs de pouvoir enfin faire un choix quant à leur fournisseur d’électricité, sans parler du succès grandissant des énergies renouvelables, qui doivent continuer à être mises sur le devant de la scène. Attendons-nous à un véritable combat de coqs dès le 1er juillet prochain, date à laquelle est fixée l’arrivée des concurrents.