L’an dernier, en 2010, la France a enregistré 828 000 naissances, chiffre exceptionnellement élevé. Mais comment expliquer ce chiffre, ce baby-boom, dans une France dévorée par l’anxiété et l’incertitude face à l’avenir ? Il n’y aurait ainsi pas le lien de corrélation entre la crise et la natalité. La France est ainsi le pays le plus anxieux d’Europe, mais la “grande nation” est aussi celle, qui a la natalité la plus forte. D’ailleurs, le pays qui résiste le mieux à la crise, l’Allemagne, est l’un de ceux, où la démographie et la natalité est la plus catastrophique. On pourrait y apporter plusieurs explications, officielles et non-officielles.
En premier lieu, la France a depuis longtemps, quelque soit l’alternance au pouvoir, mené une politique de la natalité assez active, à savoir des incitations fiscales, les possibilités offertes de prendre congés pendant plusieurs semaines pour les parents, même s’il y a peut-être des progrès à faire concernant les crèches, la santé, etc. Mais un modèle qui reste socialement assez avancé et avantageux, sachant par exemple, à titre comparaison, que le système des crèches n’existe pas outre-Rhin. Le deuxième fait est que la France est aussi le pays, où les femmes se sont mises à travailler le plus tôt et en plus forte proposition. Ce qui a posé des problèmes, au début, mais ce serait maintenant derrière nous et une forme d’adaptabilité serait passée par là. Alors que les autres pays européens sont en train d’y arriver.
Le troisième point qui est original, c’est que les jeunes - les 16-29 ans -, ont envie d’avoir une cellule familiale stable, d’avoir des enfants, de construire quelque chose sur le plan privé, selon de nombreuses statistiques. Ce qui ne va pas du tout de soit, dans l’immédiat. La France est sinon le pays qui a le plus de naissances hors-mariage. Le Pacs est en train de prendre une place importante. On voit ainsi que les formes de la vie en couple varient, mais que les aboutissements de la vie en couple perdurent. La France est décidemment un pays très contradictoire, un pays passionné, instable, capable de très grandes mobilisations, mais aussi de très découragements et de très grandes fureurs. Ce qui est frappant par ailleurs, c’est que les jeunes Français, sont ceux qui les sont plus pessimistes sur leur avenir, les moins heureux et les plus critiques vis-à-vis de l’organisation sociale. Mais sur un plan personnel et privé, ce seraient par contre les plus satisfaits, selon une étude établie entre vingt-cinq pays européens. Ce seraient par conséquent des citoyens mécontents, mais heureux et épanouis dans leur vie privée. Jadis, on appelait la France, la Chine de l’Europe. Et notre pays serait bel et bien en train de renouer, avec un certain dynamisme démographique. Dans vingt ans, la France sera à 80 millions, l’Allemagne sera à 60, comme dans un gigantesque basculement démographique. Du moins, si la donne ne s’inverse pas d’ici là. L’Italie est également dans une situation catastrophique, comme l’Espagne.
Mais un autre phénomène n’est guère pris en ligne de compte, par les démographes officiels, à savoir que cette domination démographique - contestant les chiffres de l’INED, et recoupant les thèses de la démographe Michèle Tribalat -, repose aussi beaucoup sur l’immigration. Les statistiques ethniques et religieuses sont bannies en France par la loi. Mais on vit sur une forme d’hypocrisie. Les sociologues parviennent parfois, par des biais divers et détournés, à recouper certaines statistiques. Ainsi l’année passée, en région parisienne, pour près de 50 % des naissances en moyenne - avec des variantes importantes selon les départements - au moins un des deux parents était d’origine extra - communautaire, de 15 à 25 % en province - 25 % dans la région Midi-Pyrénées, moins de 4 % en Bretagne, dans le Limousin ou dans la Creuse. Autant de données que l’INED ne prend pas en ligne de compte, avec dans certains départements, un phénomène comparable à celui de l’Ile de la Réunion, ce qui vient également édulcorer la donne, dans une certaine mesure. Car certaines de ces statistiques ne sont pas innocentes, car dans certains départements, il y a fort à parier, qu’une véritable bombe à retardement démographique serait prête à exploser, d’ici à quelques années.
Nous connaissons les limites et l’affaiblissement de notre modèle assimilationniste, notamment parce que la religion des droits de l’homme a remplacé l’assimilation à la française. De quoi également se questionner comme y appelle par exemple Nicolas Dupont-Aignan, sur un moratoire sur le regroupement familial. Et cela sans être partisan d’aucun extrême, mais juste par simple question de bon sens.
J. D.