Il y a 15 ans, Robert De Niro et Al Pacino partageaient l’affiche de Heat. Indiscutable sur tous les points, de la mise en scène à l’écriture, le célèbre film de Michael Mann fait figure de claque intemporelle.
Robert De Niro, Al Pacinon Michael Mann. Franchement, il faudrait être timbré pour ne pas leur faire confiance. Les trois noms ont enrichi le septième art avec le monument Heat, film policier relayant les conflits entre braqueurs et autorités. Des fourgonnettes assiégées, on en voit tous les jours à la télé. Plus récemment, le genre passait en salles avec le dernier bébé de Ben Affleck, The Town. Cantonné au manichéisme puéril, le polar s’impose facilement à la télévision mais prends rarement la place d’un long métrage. Après coup, on ne peut s’empêcher de faire quelques liens entre The Twon et Heat, le premier étant un exercice réussit malgré un sentimentalisme passe partout, le second mêlant majestueusement action, émotion et psychologie. Ils parlent tout deux de braquages, et là où le film de Ben Affleck réserve une modestie appréciable, Heat explose la baraque. Neil McCauley et son équipe décident d’attaquer un fourgon blindé, mais l’opération se passe mal et le leader doit se débarrasser de la nouvelle recrue ayant abattu sèchement les convoyeurs, sans succès. De son côté, le lieutenant Vincent Hanna mène l’enquête et tente de démanteler les voleurs.
Heat est de ces films où il n’y a rien à jeter. Avec un scénario très bien écrit, il maintient le suspense et préserve une imprévisibilité démoniaque. Jamais on ne devine ce qui vas se passer, comme si un halo indestructible entourait le film et nous empêchait d’ anticiper les évènements. Chaque scène est vouée d’une certaine intensité, chacune d’elles nous enivre dans un paysage urbain et construit rapidement une ambiance tirée des plus grandes séries policières. Les personnages pullulent à l’écran sans pour autant imbriquer sur le trio de tête, composé de Pacino, De Niro et Kilmer. Fidèles au poste, les deux premiers livrent des prestations indiscutables et la qualité de désemplit pas avec le dernier, se faufilant habilement dans le récit. Inutile d’aborder la mise en scène, si ce n’est pour en hurler sa puissance. Michael Mann limite les gros plans et montre clairement qu’il n’a pas besoin d’en rajouter pour trouver son style (les fusillades sont franchement épiques). Et le rendu est si naturel qu’on jurerait que les scènes n’aient demandés qu’une seule prise. Une BO timide mais efficace pimente la narration et ne vient que grandir la virtuosité de l’œuvre. Alors que les caractères des personnages principaux semblaient radicaliser une différence, nos deux héros se rapprochent et le truand n’enfile pas le masque du méchant. Leur charisme culmine lorsqu’ils se retrouvent face à face dans une brasserie où ils parlent comme deux vieux potes. Heat rejoint ces films ravageurs qui ont marqué et marqueront encore des décennies. À juste titre.
Heat de Michael Mann (U.S.A, 2h50, 1995)