Focus sur l’économie égyptienne

Publié le 01 février 2011 par Edelit @TransacEDHEC

La croissance égyptienne avoisine un taux de 5,5% par an, réalisés en partie grâce au boom des nouvelles technologies. Par exemple, le Smart Village du Caire emploie près de 22 000 travailleurs égyptiens et regroupe de grandes entreprises mondiales comme Vodafone ou Microsoft. Mais le grand problème structurel est le chômage : 700 000 jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année, et beaucoup finissent par travailler sur le marché noir, aux salaires très bas. Pour éviter que les plus pauvres ne sombrent dans une trop grande misère, dans un contexte où l’inflation de la livre égyptienne est de 10%, le gouvernement subventionne les prix alimentaires et le carburant, ce qui rend la moitié de ses dépenses incompressibles si on y ajoute le remboursement de la dette dont le montant avoisine 70% du PIB, et qui empêche de dépenser davantage dans l’éducation.
La crise politique actuelle a de nombreuses répercussions sur l’économie, à commencer par les cessations d’activité des grandes entreprises internationales pourvoyeuses d’emplois. Ces entreprises sont Lafarge, Saint-Gobain, Nestlé, ou bien encore le pétrolier danois A. P. Moller Maersk.
Le fournisseur d’accès Internet Noor, qui fonctionnait jusqu’au lundi 31 janvier en début de soirée, a été coupé. Or, même s’il ne représente que 10% du trafic du pays, c’est celui des institutions, des grandes entreprises, et de l’Egyptian Stock Exchange, lequel est fermé depuis deux jours à l’issue de fortes tendances baissières en fin de semaine dernière. La Bourse du Caire représente près de 79 milliards de dollars de capitalisation et est l’une des places financières majeures du monde arabe.
De plus, de nombreux distributeurs de billets sont vides, et les paiements par carte bancaire nécessitent également Internet. Des codes et des numéros de téléphone circulent dans le pays pour utiliser les modems de 56k, mais la situation est très aléatoire, et les manifestations se rassemblant principalement par le système du bouche-à-oreille.
Par ailleurs, le canal de Suez connaît quelques perturbations inquiétantes, et le prix du barril a passé au-dessus de la barre psychologique des $100, à Londres. L’OPEP ne cache pas que l’interruption du trafic du canal de Suez aurait des conséquences certaines sur l’économie mondiale.
L’agence de notation Moody’s a dégradé la note de l’Egypte de BB+ à BB-, ce qui peut influencer davantage les investisseurs, qui ont déjà fait sortir du pays des centaines de millions de dollars depuis le début de la crise.
Le tourisme est également très affecté : les tour-opérators n’envoient plus aucun touriste en Egypte et préfèrent proposer des remboursements ou des échanges de séjour. Or, le tourisme est une source de revenus très importante pour l’Egypte en raison de son patrimoine historique exceptionnel. On remarque d’ailleurs que l’armée a contribué à la défense du musée du Caire qui a été pris d’assaut par des pillards profitant de l’incendie du Parti National Démocratique pour s’introduire dans les locaux et y dérober plusieurs objets de l’époque pharaonique. D’autres musées, notamment la réserve de Qatara, aurait été pillée par un groupe armé.
A priori, l’armée (Al-Geish) n’aurait aucun intérêt à se ranger contre le peuple et à mettre en péril ce qui leur appartient. En effet, l’armée construit des infrastructures publiques comme des routes ou des ponts, des barrages, mais aussi des hôpitaux, et gère de grands domaines cultivables dans le delta du Nil, et des hôtels sur le littoral.
Aujourd’hui, c’est d’ailleurs un général, Omar Suleiman, qui a été nommé vice-président par Moubarak, le président dont la plus grande partie du peuple égyptien réclame la tête. Après la révolution du jasmin à Tunis, les yeux du monde sont à présent braqués sur la révolution égyptienne dont l’issue semble plus incertaine, notamment en raison de facteurs géopolitiques tels que la proximité avec Israël.

D.R.