Feu mon père, qui aurait eu 100 ans la semaine dernière ( ayez une petite pensée pour cet homme de bien même si vous ne l'avez pas connu ) me décrivait d'ailleurs comment les Parisiens qui voulaient nager et faire du sport s'y prenaient jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale : ils enfourchaient un vélo et allaient à Nogent, où la Marne se prête beaucoup mieux à ce type d'activités qu'une Seine où le trafic fluvial a toujours été important et le débit plus rapide et dangereux. Du reste, les "ludobarges" et autres imbécilités aquatiques prévues par la mairie ne permettront en aucun cas de nager dans le fleuve. Et, s'il s'agit simplement d'implanter des bars et boîtes de nuit supplémentaires, il eût mieux valu valoriser les quais hauts de la Seine, les grands oubliés de toute cette opération alors pourtant que la vie festive et commerciale ne demande qu'à s'y épanouir.
Ce déni des réalités économiques et cette réécriture de l'Histoire sont donc des absurdités et, progressivement, la vanité de la fuite en avant festouilleuse de Delanoë va apparaître. Car la circulation sur les berges, n'en déplaisent à ceux qui pensent que la croissance est une mauvaise chose ou qu'elle est décidée par l'Etat, est la forme contemporaine qu'ont prise les activités industrielles d'antan : c'est ainsi qu'aujourd'hui la Seine contribue à la prospérité de Paris et de sa région. Faute d'alternative massive offerte par les transports en commun, tous ceux qui utilisent les voies sur berges pour vivre et travailler vont subir une perte de bien-être considérable, bien plus grande que le plaisir fugace de déambuler entre la Concorde et les Invalides qu'auront les flâneurs fantasmés par la mairie. Ces derniers ont déjà le jardin de sculptures Tino Rossi ou l'Île Saint Louis pour vivre la ville dans la contemplation et ils n'ont font qu'une usage modéré.
Mais Delanoë se moque de tout ça : son objectif est de créer une querelle des anciens et des modernes factice afin que l'opinion pense à autre chose que le massacre de la voirie, le doublement de la dette, la crise du logement ou la hausse de 40 % des impôts locaux.
La consultation organisée par la maire du 7ème, qui a récolté plus de 5.000 résultats, à 80 % négatifs eux-aussi, est écartée d'un revers de main : "les conditions de sa réalisation n'ont pu être validées" ! Il est certain que celui qui ne veut pas valider ne validera pas.
Pourtant, la méthode municipale produit des résultats ridicules : 3.200 avis sur 6 mois pour tout Paris alors que les berges sont utilisées par des centaines de milliers de personnes quotidiennement. Un opportun sondage a été commandé par la mairie et diffusé à grand fracas de com'. Il y était question de savoir si les personnes interrogées étaient ou non favorables au réaménagement des berges et à la promenade, sans beaucoup plus de précisions.
A la question : "souhaitez-vous être riches et bien portants ou pauvres et malades", qui aurait pu être posée par la mairie, 99,99 % des Parisiens choisiraient la première réponse ... Dans le cas des berges, ils ne furent pourtant que 71 % à souhaiter un réaménagement, dont le coût n'était naturellement jamais mentionné et qui devait conduire à un univers idyllique. Dire qu'il y a encore des naïfs qui croient à ce genre de balivernes.
On relèvera enfin que l'avis des chambres de commerce et d'industrie est expédié en trois lignes sous le terme : "négatif" et renvoyé aux réserves émises par le passé sur le tramway des Maréchaux. Cette opposition occupe autant de place dans le texte du bilan de la concertation que l'approbation de ceux qui imaginent, sur les berges : "une scène de danses bretonnes ! Avec cidre et galette saucisse ... des chansons accordéon et chansons françaises ... et un festival de musique celte" ...
Il n'y a qu'une solution : L'EXPERIMENTATION !
Delanoë et sa bande n'ont aucun bon argument pour refuser cette épreuve de vérité. Malgré leurs rodomontades et leurs menaces voilées, il est du devoir de la Préfecture de police de ne pas leur céder et de tester réellement ce projet sur un axe d'intérêt national. Les petits politiciens qui se sont emparés de Paris ne sauraient sacrifier, sans qu'on les oblige à clarifier les conséquences de leurs décisions, un axe d'intérêt national à des opérations de com' démagogiques.
Sur les berges comme sur la place de la République, la vérité doit éclater avant que des dégâts quasi-irréparables ne soient commis.