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Révolution à l'école de Bras-Creux

Publié le 01 février 2011 par Laurelen
Révolution à l'école de Bras-Creux Lettre d'un directeur d'ecole du Tampon, publié in extenso dans le blog très lu de Véronique Soulé, journaliste de Libé, C'est classe ! : Economie oblige, Patrick Olivier, directeur d'école, n'aura plus de secrétaire à la rentrée 2011. Il sera alors seul à gérer un établissement de 378 élèves, du CP au CM2. "Ce qui veut dire faire le concierge, l'infirmier, le conseiller d'orientation, le gestionnaire, l'agent administratif, et s'il me reste un peu de temps, j'ai le droit de m'occuper de la réussite scolaire des enfants qui me sont confiés et des enseignants qui vont avec".

Patrick Olivier est le directeur de l'école de Bras Creux, sise impasse des pétunias, au Tampon, une ville de 70 000 habitants au sud de la Réunion. Deux jours avant les vacances de Noel, il a appris que sa secrétaire ne serait pas reconduite. Pour participer à l'effort national d'allègement de la dette publique.Pour protester, des parents d'élèves ont décidé d'occuper l'inspection à partir du 3 février. Et Patrick Olivier nous a fait parvenir son témoignage, un brin désabusé mais plein d'humour.
"Je suis directeur d'école au Tampon, charmante bourgade de l'ile de la Réunion. Deux jours avant les vacances de Noel, notre cher recteur a annoncé qu'à partir de la rentrée, je devrais me passer des services de ma secrétaire."
En contrat aidé depuis deux ans - un CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi) désormais remplacé par les CUI (contrats uniques d'insertion) - , la secrétaire travaille 24 heures par semaine. Avec un programme plutôt chargé, selon le directeur:
Gestion du téléphone aux parents: enfants malades, alerte pluie ou cyclone
Gestion du courrier electronique
Reception et gestion des enfants malades en mon absence pour reunions ou problème avec la mairie à régler
Reception et contrôle des fournisseurs

"Je demande à mon cher recteur, poursuit P. Olivier, d'écorner la prime que va lui valoir sa bonne mise en oeuvre de la politique de mon cher ministre et de me payer un costume de superman (15,50 euros chez le chinois qui tient boutique en face de la mairie)."

Le directeur d'école fait ici allusion à la prime très contestée des recteurs, créée en novembre dernier. Avec une part variable fonction de leur "manière de servir et des objectifs atteints", elle peut atteindre cette année 22 000 euros pour les "meilleurs éléments", et remplace un système indemnitaire nettement moins généreux.
"J'ai la chance d'être entouré de collègues pleins de bonne volonté, de parents impliqués dans la bonne marche de lécole, enchaîne P. Olivier. Mais là, la coupe est pleine. Jeudi 3 février, les parents ont décidé de bloquer l'inspection départementale car pour eux, la sécurité de leurs enfants n'est plus assurée.
"Mais tout cela n'est pas très grave pour les ministres qui se succèdent en ce moment sur l'île. Il n'y a que 30% de chômeurs et les résultats des évaluations ne sont pas catastrophiques: les élèves n'ont que 10 points de retard par rapport à leurs congénères de la métropole. Nous pouvons certainement faire mieux avec moins de moyens et atteindre les 15 points de différence. Il faut pour cela doubler la prime de ce cher recteur qui redoublera de zèle pour trouver de nouveaux postes à supprimer.

"Je me dépêche de poster ce mail avant qu'il ne décide comme Moubarak de couper la liaison. En plus, la Réunion vient de passer en vigilance forte pluie...

Comme vous le voyez, la vie est belle sous les cocotiers."

Plusieurs élus locaux, souvent proches de la majorité, se sont inquiétés de la disparition de ces emplois aidés dans de nombreuses écoles, soulignant la fragilité des élèves réunionais. La Réunion perd 162 postes en 2011 avec l'assurance du recteur que ce sera parfaitement indolore.

Relayé par Laurelen

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