Une question subsidiaire que je me pose : ces 56% considèrent-ils le FN
comme étant à Droite et le NPA voire le Front de Gauche comme étant à gauche
?
En dehors de ça, d’où vient le problème, qu’est-ce qui fait que plus de la
moitié des français ne font plus confiance aux politiques pour gouverner
correctement la France ?
Certes, il y a clairement un problème de comportements de la part de
beaucoup de politiques qui donnent, à tort ou à raison, souvent l’impression de
satisfaire une ambition personnelle plus que de vouloir le bien public. Mais ce
n’est pas là l’essentiel.
J’y vois deux explications essentielles, qui se rejoignent et qui pourrait
se résumer en deux mots : convictions et explications !
En dehors des grands, beaux et souvent grandiloquents principes qui
émaillent les professions de foi des uns et des autres, ce que j’attends d’un
politique qui brigue un mandat, quel qu’il soit, c’est qu’il nous dise vers
quoi il veut nous amener et surtout comment il veut nous y amener ou plus
précisément qu’il ne nous dise pas vers quoi il veut nous amener sans nous dire
comment !
Il doit exposer sa vision à long terme, la ligne directrice de son action
tout en expliquant qu’il ne fera pas de miracles et que les changements en
profondeur demandent du temps et des efforts. Il doit également arrêter de
prétendre que tout est simple et que si ça n’a pas été fait jusqu’à présent,
c’est uniquement par manque de volonté de ses adversaires politiques
!
2 exemples très significatifs : le pouvoir d’achat et le
chômage.
Inutile de rappeler à tous que Sarkozy s’est présenté comme le président du
pouvoir d’achat. Inutile non plus d’insister sur le fait que c’est pour le
moins raté ! De la campagne présidentielle de Sarko, les français n’ont
retenu qu’une idée générale qui se résumait en un slogan « travailler plus
pour gagner plus » et une impression générale qui est que Super Sarko
allait par la force de sa volonté permettre aux salaires d’augmenter, aux prix
de baisser et aux taxes de s’effondrer.
Nicolas Sarkozy a ainsi laissé croire que son volontarisme allait permettre
de trouver des solutions quasi-immédiates.
Or, bien évidemment, la hausse du pouvoir d’achat ne peut être qu’une
résultante d’une économie qui crée de la richesse et non pas l’inverse. C’est
faute d’avoir réussi à créer les conditions d’une croissance forte en France
que Sarkozy a échoué, comme il a échoué à résorber le chômage.
En laissant croire que le pouvoir d’achat pouvait se traiter sans, au
préalable, avoir réglé tout le reste, super Sarko n’a fait que donner de faux
espoirs et entretenir un sentiment de frustration qui ne pouvait aller qu’en
s’amplifiant !
Avec la question du chômage, on est exactement dans la même configuration.
C’est d’un coté, Sarkozy qui annonce début 2010 une prochaine baisse du
chômage, avec l’air de celui qui maitrise la chose et de l’autre l’opposition
qui clame « mais que fait donc le gouvernement, comment peut-il laisser le
chômage augmenter comme cela !!! »
Dans les 2 cas, on laisse croire qu’avec un peu de volonté politique on peut
résorber le chômage, ce qui est absurde, comme il est absurde de prétendre que
l’on va régler les problèmes budgétaires de la France en ponctionnant les
riches et les entreprises ou que sortir de l’euro va restaurer la compétitivité
de la France !
Le discours politique ou du moins le discours des politiques est d’une
pauvreté affligeante.
Lorsqu’il s’agit de discourir avec emphase, sur des grands concepts, des
beaux principes ou des bons sentiments, il n’y a pas de problème, les hommes
politiques sont extrêmement prolixes ; mais pour expliquer les causes et
les effets de l’inflation, les contraintes qu’imposent la mondialisation,
l’intérêt d’une Europe forte, les conditions d’une hausse du pouvoir d’achat,
les raisons de la crise du logement, les interactions entre inflation et
pouvoir d’achat, entre pouvoir d’achat et commerce extérieur ou les
conséquences d’un endettement excessif il n’y a plus grand monde !
Pour certains, cette pauvreté du discours est tout à fait volontaire et
obéit aux règles de la communication politique qui impose de dire à l'électeur
ce qu'il a envie d'entendre, via un message simple, facile à retenir et
présenté comme une évidence à des citoyens par essence incultes et
simplets.
D’autres n’ont pas besoin de se forcer, car pour eux, elle est quasi
naturelle tant l’idéologie voire le dogmatisme guide leur pensée et leurs
propos. Pour ceux-là, l’économie doit se plier aux exigences de l’idéologie au
point d’en nier la réalité et ses règles élémentaires.
Dans les 2 cas, le résultat est le même, on assène aux citoyens des
affirmations péremptoires généralement totalement à l’opposé de celles de ses
opposants, sans leur donner les clés pour en juger la pertinence !
On laisse croire que tout est simple, que tout est immédiat, que tout est
évident et que tout est politique, en occultant incertitudes, contraintes et
interactions entre les sujets …jusqu'à que la réalité leur revienne brutalement
dans la figure !
Il ne faut pas s’étonner ensuite du succès que connaissent les populistes et
les baratineurs de tous bords avec leur langage simple, carré et bourré
d’évidences. Il ne faut pas s’étonner non plus de la réticence des français
face à toutes les réformes qui leurs sont soumises puisqu’on leur a toujours
fait croire quelles seraient sinon immédiatement bénéfiques du moins indolores
et il ne faut pas s’étonner enfin de la perte de confiance dans les politiques
créée par toutes ces frustrations et déceptions !