Chronique du mardi 1er février.
Ca y est. Le verdict est tombé. Marc Lièvremont a donné la composition de ce qui doit être son équipe type en 2011. Sans surprise, mis à part le 5 de devant, toute l’équipe est chamboulée avec les associations Bonnaire – Harinordoquy et Mermoz – Rougerie, le positionnement de Damien Traille à l’arrière et Huget – Médard sur les ailes. Essayons d’y voir un peu plus clair.
Une volonté de produire du jeu en dépit du bon sens :
S’il y a une chose que l’on ne peut pas reprocher à Marc Lièvremont, c’est son affirmation de vouloir faire du jeu. En choisissant l’association Mermoz – Rougerie, il pousse même cette logique à l’extrême. Le risque est grand de lancer une nouvelle paire où l’un, Mermoz, doit encore, avec 7 sélections, confirmer au niveau international, et l’autre, Rougerie, manque encore de certitudes à un poste où son apprentissage arrive tardivement. Sur le papier, cette paire est excitante et peut provoquer des étincelles en attaque. Mais, dans la réalité des faits, ce peut être très différent.
En chamboulant encore sa ligne de trois-quarts, Marc Lièvremont impose un manque de cohésion qu’une semaine d’entraînement ne va pas résoudre. De Morgan Parra à Damien Traille, aucune association entre ces joueurs n’a existé dans le passé. Même si la ligne de trois-quarts des Ecossais est loin de celle de l’Australie, le challenge est difficile. Qui sera le patron si les évènements ne tournent pas dans le bon sens. Damien Traille ? Ce n’est pas son style et, en plus, il est loin du jeu. François Trinh-Duc ? De retour après l’absence de novembre, pas sûr du tout qu’il souhaite s’imposer en chef de meute. Maxime Mermoz ? Avec 7 sélections, il est plutôt là pour écouter. Morgan Parra ? Il parait avoir le caractère pour cela, mais il aura déjà pas mal de quoi faire avec ses avants. Aurélien Rougerie ? Ce serait idéal car il faut un patron au centre et c’est le seul en termes d’expérience à pouvoir le faire. Le seul problème, c’est qu’en jouant à un poste qu’il ne maitrise pas encore complètement, il risque de ne pas avoir toutes les cartes en main pour le faire.
L’équipe de France a maintenant besoin de certitudes. Cela passe évidemment par la victoire. Mais un moyen simple et efficace de rassurer cette équipe, aurait été de revenir à ce qu’elle connait. A des choses rassurantes parce qu’elles ont déjà fait leurs preuves. C’est à dire ? C’est à dire à repartir de là où tout s’est arrêté, le Grand Chelem 2010. Et, donc, à partir de là, d’une composition d’équipe qui se rapproche suffisamment de celle de 2010 pour rassurer tout le monde, ainsi que d’un système de jeu qui a fait la force de cette équipe. Ce n’est pas très excitant mais, lorsque l’on est dans l’échec et le doute, c’est le meilleur moyen de redonner une structure de travail à tout le monde. C’est une règle de base du management que ne doit certaineemnt pas connaitre Marc Lièvremont. Le temps des expériences n’est pas exclu, mais il ne peut prendre forme que dans un second temps, lors des 2 derniers matchs de la compétition contre l’Italie et le Pays de Galles, après que l’équipe se soit rassurée en début de Tournoi. Avec une telle composition d’équipe, le risque est maximum, à la fois en termes de résultat, mais aussi et surtout de compréhension avec des joueurs qui ont besoin de certitudes, quelles qu’elles soient.
Des incohérences dans le choix des hommes :
Apparemment, une leçon a été tirée de la déroute Australienne. Celle de la contre-performance de la touche française lorsqu’il n’y a ni Bonnaire, ni Harinordoquy. Du coup, on met les 2 pour se rassurer, quitte à se passer de Chabal qui faisait, pourtant, parti des bons enseignements de novembre. Et tant pis pour la complémentarité idéale entre Dusautoir – Chabal – Harinordoquy ( ou Bonnaire ) comme précédemment évoqué. A ce sujet, il faudra aussi m’expliquer pourquoi prendre dans les 30 Fulgence Ouedraogo ET Alexandre Lapandry aux profils de coureur – gratteur dont on ne se sert pas. Un seul aurait largement suffi et permis de prendre, du coup, un suppléant au profil proche de Bonnaire et Harinordoquy.
Un enseignement positif de novembre qui passe à la trappe est l’alternance entre contournement et pénétration dans l’animation offensive avec l’utilisation de Sébastien Chabal au centre du terrain. La 1ère mi-temps contre l’Argentine constitue, pour moi, une référence sur la variété du jeu que peut proposer l’équipe de France. Le problème c’est que cette alternance demande un 8 puissant qui sert de fer de lance au milieu de la défense adverse, avant de libérer rapidement pour aller chercher les espaces sur les extérieurs. En se passant d’un profil puissant en 3ème ligne, l’équipe peut se retrouver à ne faire que du contournement, ce qui, même pour l’Ecosse, est facile à défendre. Marc Lièvremont est persuadé que, grâce aux nouvelles règles, la Coupe du Monde sera celle du jeu. Je l’invite à regarder les Test matchs Afrique du Sud – Lions Britanniques de 2009 pour qu’il révise un tout petit peu son jugement. La Coupe du Monde 2011 sera celle du défi physique et une équipe qui n’a pas de force de pénétration ne pourra prétendre à grand chose. La France ne jouera jamais comme l’Afrique du Sud, certes. Mais se passer de véritables spécialistes de la pénétration comme Chabal, Bastareaud, Fritz et même Picamoles est une erreur.
Le choix de Damien Traille à l’arrière est uniquement dû à la qualité de son jeu au pied. Le problème, c’est qu’il va à l’encontre de tout le reste. Marc Lièvremont veut produire du jeu et compose une ligne de trois-quarts qui doit faire la différence sur la vitesse. L’ennui c’est que Damien Traille est le moins bon choix dans cette perspective. Clément Poitrenaud, Maxime Médard et Alexis Palisson passent avant lui sur ce critère. C’est quand même ennuyeux quand on connaît le rôle de dynamiteur de défense qu’est le poste de 15. Enfin, ce qui est rassurant, c’est que l’équipe de France prévoit aussi de jouer au pied.
Au niveau des remplaçants, quelques bizarreries. Une charnière Yachvili – Skréla est sur le banc. Difficile d’imaginer ces 2 joueurs, au profil très similaire, jouer ensemble, notamment s’il s’agit de dynamiser une rencontre où l’équipe de France est largement menée, la vitesse n’étant pas leur point fort. Si, malheureusement, Thierry Dusautoir se blesse, c’est une 3ème ligne Chabal – Bonnaire – Harinordoquy qu’y colle. Intéressant… Clément Poitrenaud est le 3ème trois-quart. Est-ce à dire que si un ailier se blesse, c’est Aurélien Rougerie qui s’y colle ? Encore un bon moyen d’aider à la cohésion d’une ligne de trois-quarts qui se cherche, et pour cause…
COMPOSITION DE L’EQUIPE DE FRANCE :
Domingo, Servat, Mas – Pierre, Nallet – Dusautoir (Cap.), Harinordoquy, Bonnaire – Parra, Trinh-Duc – Médard, Mermoz, Rougerie, Huget – Traille.
Remplaçants : Guirado, Ducalcon, Thion, Chabal, Yachvili, Skrela, Poitrenaud, Marconnet (23e homme).
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