La crise en cours sur les marchés financiers donne quelques enseignements sur l’économie du monde et sur son fonctionnement :
- Les Etats-Unis restent ceux qui donnent le ton aux marchés. Ils sont bel et bien la seule économie-monde. La Chine n’est pas mûre pour prendre le relai.
- La psychologie continue de mener la gestion de portefeuilles, plus que les modèles “rationnels” de valorisation ou d’optimisation de risques. Ce qui est normal : choisir sa performance/risque est une décision “politique”, aucune machine ne peut la prendre.
- Le capitalisme ne fonctionne pas “tout seul” dans le vide intersidéral : il dépend des sociétés et de leur culture, des Etats et de leur régulation, des organismes internationaux de concertation. L’action des Banques centrales et les plans des gouvernements sont seuls à même de régler les crises. Ne pas confondre le libéralisme économique - qui est une idéologie du laisser-faire - avec le capitalisme, qui est un outil de l’économie : l’allocation efficace du capital.
- Les “déséquilibres” notés par les économistes et autres commentateurs des marchés ne sont que dans le ciel des idées. L’équilibre est permanent - à tout moment. Mais il est toujours transitoire et ne se maintient qu’en mouvement, comme sur une bicyclette. Rêver d’un “équilibre-en-soi”, c’est rêver d’une fin de l’Histoire ou d’un monde platonicien. Or le monde de l’investissement est un monde réel - autant faire avec. Il existe des cycles économiques avec des hauts et des bas, et des échanges internationaux où l’exportation de l’un génère des surplus de l’autre, qui sont replacés en monnaie de l’un : ainsi de la Chine et des Etats-Unis. Tout se rééquilibre à tout moment.
- Chaque “style” de gestion a ses avantages et ses inconvénients. On a misé longtemps l’essentiel sur le style croissance (growth) avant de virer à l’inverse quand on s’est rendu compte que cela avait créé la bulle technologique. Mais le style valeurs d’actifs (value) montre ses limites en cas de crise : la liquidité des titres sous-évalués n’est pas suffisante pour sortir à temps du marché ! (voir les déboires récents de Richelieu Finance). Les gestions alternatives (hedge funds) et toutes les innovations techniques (options, futures, swaps, titrisation) accentuent les mouvements. Il ne faut pas les diaboliser pour autant, mais apprendre à s’en servir et surtout à prévoir leurs conséquences sur les marchés. Il faut aussi forcer les pays inventeurs à leur donner des règles : ainsi des Etats-Unis de Bush qui ont laissé prêter aux peu solvables tout en diluant le risque dans d’autres prêts, au crédit “rehaussé” par des agences qui n’en assurent que le dixième !