Une éducation c’est l’histoire de Jenny (Carey Mulligan), une jeune fille âgée de seize ans, élève brillante, promise à un avenir certain, elle se prépare à intégrer Oxford. Mais sa rencontre avec David (Peter Sarsgaard), un homme deux fois plus âgé qu’elle, va tout remettre en question. Jenny découvre alors un univers aux antipodes de sa petite vie d’adolescente et se plait à vivre dans un monde d’adulte, rythmé par des sorties dans des night-clubs, au cinéma, à l’opéra ou dans des ventes aux enchères. Ce qui pourrait paraître dérisoire de nos jours ne l’était pas au début des années 60. L’Europe sortait groggy d’une période d’après-guerre où l’on vivait encore avec des tickets de rationnement.
Si le film a le mérite de traiter avec justesse cette époque relativement calme, à aucun moment la réalisatrice n’esquisse les changements de mœurs et de valeurs que connaîtra la société britannique quelques années plus tard. On est rapidement déçu par la façon dont Lone Scherfig aborde les évènements et les sentiments. Jenny qui s’ennuie comme toute adolescente va réaliser ses rêves de jeune fille grâce à cet homme et découvrir que la vie ne résume pas à une éducation scolaire et parentale. Lui, le dira par lui-même, est allé à l’école de la vie. Celle qui ne s’apprend pas dans les livres mais au travers d’expériences humaines, plus ou moins légales.
Malheureusement, Une éducation évoque non seulement les sentiments humains sous le prisme de l’éternelle dichotomie entre la passion et la raison mais surtout d’une façon très manichéenne, comme si l’existence se résumait à faire un choix entre ces deux conditions opposées. Le film ne s’arrête pas là. Il est également très moralisateur. La passion et le plaisir sont des sentiments interdits. Les seules choses qui vaillent sont forcément le travail, l’école et le goût de l’effort. Ne vous attendez pas à une fin surprenante, il n’y en a pas. Jenny retrouvera le « droit chemin » après une mésaventure avec son prince charmant. Le Bien d’un côté, le Mal de l’autre, nouvelle opposition facile qui ne demande aucun effort de réflexion. Car réfléchir avec ce film, vous n’en aurez pas besoin. Au mieux, on se laisse bercer par la beauté des images et des acteurs, sinon on s’ennuie. Que l’on ne s’étonne pas si le film a su séduire son public dès sa sortie en salles. L’époque est différente mais les mentalités n’ont guère beaucoup évolué. Le cycle de la vie a repris son cours. Comme si la période d’instabilité socio-économique dans laquelle nous vivons avait fait ressortir les vieux démons du passé. Le film est convenu, à l’image de la bourgeoisie anglaise : chic et élégant mais fade et transparent.
Sortie en DVD le 7 septembre 2010