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Ce que les Européens veulent pour sortir de la crise

Publié le 01 février 2011 par Cahier

Ce que les Européens veulent pour sortir de la criseInutile ici de rappeler ici l’ampleur de la crise économique qui a récemment frappé le monde et l’Union Européenne. Une question structure cependant l’approche que l’on peut en avoir : la crise est-elle bel et bien finie ? Et quel rôle peut jouer l’Union Européenne dans sa résolution ?

Tous les pays de l’Union n’ont pas souffert de la crise de la même manière. Certains ont été plus profondément et plus durablement touchés – on se souviendra notamment des exemples grecs ou irlandais. D’autres se sont relevés plus vite, à l’instar de l’Allemagne (dont le ministre de l’Economie, Rainer Brüderle déclarait récemment : « Nous avançons avec des bottes de sept lieues alors que d’autres suivent en marchant en canard ») ou de la Suède, où les indicateurs macroéconomiques s’améliorent.

C’est pour mesurer les différences qu’il peut exister entre ces pays mais aussi l’opinion à l’égard du rôle que peut et doit jouer l’Union que la Direction Générale de la Communication de la Commission Européenne a commandé à l’automne 2010 un sondage[i] auprès des pays membres sur la gouvernance économique de l’Union Européenne, dont les résultats viennent d’être publiés.

L’Eurobaromètre du mois ne partenariat avec les Euros du Village.

Un pessimisme en recul mais toujours majoritaire

Premier enseignement : pour l’opinion publique européenne, la crise n’est pas finie. Interrogés sur l’impact de la crise pour l’emploi (un indicateur fiable de l’état d’esprit en matière d’économie), une majorité relative d’Européens pense que le pire est encore à venir : 48%, contre 42% pour qui la crise a déjà atteint son apogée et qui s’attendent à ce que les choses s’améliorent à l’avenir.

Pour autant, le pessimisme ambiant s’atténue : au printemps 2010, 55% des Européens s’attendaient à une dégradation ; ils étaient 61% un an auparavant. De sorte que s’il prédomine encore dans l’opinion européenne, le sentiment que les choses vont empirer en termes d’emploi s’amenuise avec le retour de la croissance – et donc selon les pays.

La perception de la crise : deux Europe ?

En effet des disparités majeures sont observables selon les pays : l’optimisme gagne par exemple 21 points en Allemagne, 21 points au Luxembourg ou 17 points en Autriche. En revanche, le pessimisme se fait de plus en plus prégnant en Irlande (où le terrain de l’enquête coïncide avec le déclenchement d’une crise financière) ou au Royaume-Uni (respectivement +14 et +11 points).

 In fine, à l’automne 2010, l’Union est divisée :

  • 13 pays sont majoritairement pessimistes (en termes relatifs du moins) : la Grèce (75%), le Portugal (73%), l’Irlande (72%), le Royaume-Uni (66%), Chypre (66%), la Slovénie (63%), l’Espagne (58%), la France (57%), la Lettonie (52%), la Roumanie (48%), la Lituanie (48%) et enfin la Pologne (44%) et l’Italie (44%).
  • A l’inverse, 13 pays sont majoritairement optimistes : l’Estonie (58%), la Suède (58%), l’Autriche (58%), les Pays-Bas (57%, le Danemark (56%), l’Allemagne (55%), la Slovaquie (55%), la Bulgarie (55%), la Hongrie (54%), la République Tchèque (52%), la Finlande (52%), la Belgique (51%) et Malte (47%).
  • Le Luxembourg fait quant à lui figure d’arbitre : 47% d’optimistes, contre autant de pessimistes.

Sans surprise, les perceptions varient aussi énormément selon les catégories sociales des répondants: les perspectives des catégories aisées sont nettement meilleures que celles des catégories défavorisées.

A quel saint se vouer ? L’Union pour panser les plaies…

Si la crise continue, qui peut y mettre un terme ? Jusqu’alors, le rôle de l’Europe dans la lutte contre la crise ne semble pas avoir tout à fait convaincu. Les Européens se montrent en effet particulièrement divisés sur la question : 45% considèrent qu’elle a agit de façon efficace, contre 44% de façon inefficace… Pour autant ce bilan reste nettement plus flatteur que celui des gouvernements nationaux (39% efficace).

De même, les Européens font encore davantage confiance à l’Union Européenne (23%) qu’à leurs gouvernements respectifs (20%) pour prendre des mesures efficaces pour enrayer la crise. Mais l’écart entre les deux s’est notablement resserré en quelques mois, passant de 7 à 3 points entre le printemps et l’automne 2010. Le G20 et le FMI sont aussi cités par près un Européen sur six (respectivement 16% et 15%). L’Union est plébiscitée en Grèce, particulièrement frappée par la crise (37%), mais aussi en Bulgarie (36%) et en Pologne (35%).

Vers plus d’intégration économique ?

L’Euro est un levier extrêmement efficace en termes de confiance dans l’Union pour faire face à la crise économique et financière. Les pays de la zone Euro s’en remettent ainsi d’abord à l’UE (25%), mais aussi au FMI (17%), plaçant leur Etat en troisième position (16%), à égalité avec le G20, tandis que les pays hors zone Euro en appellent à leurs gouvernements (26%) avant l’Europe (21%).

De plus, une large majorité d’Européens se prononce favorablement sur les pistes d’actions qui pourraient leur être proposées à l’échelle européenne pour combattre la crise, qu’il s’agisse d’une meilleure coordination des politiques économiques au sein des pays membres ou de la zone Euro (dont 77% et 75% respectivement les jugeraient efficaces), d’une meilleure supervision des activités financières et des fonds destinés à sauver les banques et les institutions financières (75%) ou d’un rôle plus important de l’Union dans la régulation des services financiers (71%).

Pour réformer les marchés le FMI reste la référence

Mais si les citoyens, notamment dans la zone Euro, font confiance à l’Union et souscrivent aux mesures qu’elle pourrait prendre pour enrayer la crise aux yeux des Européens, elle ne semble pas être l’acteur le mieux placé pour le chantier suivant : réguler et réformer les marchés financiers.

En effet les Européens appellent de leurs vœux à une réforme des marchés financiers : 88% se disent favorables à un durcissement des règles sur l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, 87% à davantage de transparence sur les marchés, 81% à ce que l’on introduise une taxe sur les profits bancaires, 80% à ce que l’on régule les salaires dans le secteur de la finance et 73% à ce que l’on supervise davantage les hedge funds. Une taxe sur les transactions financières serait elle aussi favorablement accueillie, mais dans une moindre mesure (61%). C’est aussi la mesure pour laquelle on retrouve les plus grandes disparités géographiques : elle divise en Suède et au Royaume-Uni, tandis que l’on s’y oppose à Malte ou aux Pays-Bas.

Or c’est à une autre instance supranationale que les Européens en appellent prioritairement à pour mener à bien une telle réforme : le FMI (25%). L’Union n’est citée en deuxième position (21%), suivie de près par le G20 (18%).


[i] Terrain réalisé en face-à-face et par téléphone du 11 novembre au premier décembre 2010 auprès d’un échantillon de 26 723 Européens


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