Petit, blond, rigolard, hargneux, susceptible, moche: Astérix était lors de sa création en 1959 un véritable anti-héros comparé aux autres bandes dessinées franco-belges de l'époque telles Tintin, Spirou, Michel Vaillant, Lucky Luke ou encore Lefranc; un vrai changement alors qui a su fidéliser un public avide de nouveautés. Pourtant, René Goscinny et Albert Uderzo avaient auparavant créé d'autres personnages (Jehan Pistolet et Oumpah-pah), mais sans réussir à les faire accepter du plus grand nombre. Vraiment dommage, car ces séries sont excellentes... mais je m'égare. Astérix donc, qui a accompagné mes premiers pas dans la lecture quand j'étais tout petit et n'a jamais abandonné ma bibliothèque. Une oeuvre qui m'est chère, une vraie passion.
Et j'en ai tellement à dire que j'ai décidé de faire deux articles sur le sujet: aujourd'hui aura lieu une grosse revisite des albums, alors que demain sera consacré aux adaptations diverses. Des albums qui sont au nombre de 34 - dont 24 en duo - et qui m'ont toujours satisfaits... enfin, à une exception près (mais j'y reviendrai). Un binôme unique et riche en idées, des scénarii fort drôles et surtout une galerie de villageois facilement reconnaissables: le village qui résiste encore et toujours à l'envahisseur nous accueille chaleureusement.
Entre un chef égocentrique qu'on ne prend pas au sérieux, un poissonnier qui vend du poisson pas frais de Lutèce, un barde qui chante faux ou encore un doyen marié à une femme bien trop jeune pour lui, le petit guerrier a bien du travail pour garder cette communauté en osmose. La potion magique seule ne serait pas assez utile si le village n'était pas géré par des personnes suffisamment sages; qui sont en fait Astérix et le druide Panoramix. Oh, il leur manque bien des cases à eux eux aussi, mais tellement moins qu'aux autres, et c'est pour ça qu'on les aime nos gaulois: de vrais j'en-foutistes qui ne savent que se battre et pinailler, pas méchants mais parfois énervants. De vrais Français en fait! Et pour ne pas lasser le lecteur de leurs aventures, les auteurs ont eu la géniale idée d'alterner l'action entre les albums - un sur deux au village, l'autre en voyage - ce qui donne un rythme différent d'une histoire à l'autre. Des histoires dont voici mes préférées.
Mais en 2005, on eu malgré tout une bien mauvaise surprise avec la parution de l'album n°33 Le ciel lui tombe sur la tête. Uderzo avait initialement prévu d'en faire son dernier et d'arrêter avec celui-ci l'exploitation de sa licence - pas de reprise par quiconque criait-il haut et fort - d'où une jaquette identique si ce n'est inversée du n°1 Astérix le Gaulois. Mais l'album est une vraie daube, et j'en ai pleuré de voir ce que le créateur faisait de l'aboutissement de son oeuvre. S'il est vrai qu'il n'a en solo jamais atteint la perfection du duo d'antan, les aventures proposées étaient toutefois amusantes, telles qu'on pouvait le souhaiter. Mais là... Une soi-disant critique de la BD, des mangas et des Comics tout à fait inintéressante, des décors ultra-vides, un humour absent: l'exception qui confirme la règle. D'où un nouvel album qui avait pour but de retrouver un public fâché - L'anniversaire d'Astérix et Obélix - agréable à lire mais plus une synthèse de 50 ans de vie commune avec ses héros que véritable aventure. Aux dernières nouvelles, Uderzo travaille sur le vrai dernier album de sa main, avant de passer le relai à d'autres. Les temps changent, et j'attends dans les deux cas de belles réussites.
A suivre