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Livetweeter (ou du temps de cerveau humain disponible)

Publié le 01 février 2011 par Desfraises

Voyez-vous, je n’ai pas grand-chose de passionnant à raconter. Aussi, préparez-vous à un billet superficiel et léger, autant dire indispensable. Détendez-vous. Et lâchez ce putain de téléphone portable, il peut vivre sans vous plus de deux minutes chrono.
Pardon, je ne sais pas ce qui m’a pris.
Livetweeter (ou du temps de cerveau humain disponible)Cliquez sur l'image pour agrandir le sympathique échange entre Nicolas et moi.
Il est une nouvelle pratique télévisuelle et cybernétique que je tenais à signaler aux néophytes : le livetweet. Non non, ne fuyez pas. Ça vaut son pesant de noix de cajou. Vous devez connaître vos contemporains, leurs comportements, déviants ou pas. D’ailleurs, il m’est arrivé de livetweeter (retenez le sigle LT), je le confesse. Mais… tout bien réfléchi, (et en changeant un peu de sujet) raconter sa vie au téléphone dans le métro, le bus ou la rue, ça n’est pas déviant, c’est simplement malpoli. Alors vous allez me dire, la politesse, le savoir-vivre, la pudeur, ça vous fait une belle jambe (poilue ?). Mais je m'égare, Edgar.
Pour livetweeter, il faut une télé et une connexion internet. Et une préférence pour les chaînes vendant du temps de cerveau humain1 disponible à Coca-Cola (TF1, M6, Direct 8 et… France Télévisions oui, France Télévisions est entrée dans cette catégorie le jour où elle a décidé de damer le pion à ses voisines de trottoir).
Mais c’est quoi livetweeter ? Il s’agit de commenter en direct votre programme favori ou celui que vous adorez détester mais que vous ne pouvez vous empêcher de regarder. C’est bien connu, la merde télévisuelle, c’est addictif. Le téléspectateur converti que je suis peux vous en parler savamment. Et je pointe désormais aux Cerveaux pollués anonymes. Bonjour Laurent. Merci Laurent.
Livetweeter (ou du temps de cerveau humain disponible)Merci à Nicolas d'avoir servi à ses dépens2 de cobaye bloguesque.
Imaginez, cher lecteur qui n’utilisez ni ne voyez d’intérêt à Twitter – l’outil a de nombreuses utilités, mais je ne vous en ferai pas l’article aujourd’hui – imaginez qu’un téléspectateur, muni d’une main de sa zappette, de l’autre de son smartphone, envoie sur Twitter (il peut aussi le faire sur Facebook, à cet égard) ses récriminations concernant la coiffure désastreuse de la présentatrice3, l’élimination scandaleuse de son candidat favori dans Top Chef ou X-factor, comme autant de SMS envoyés sur la toile mondiale, espérant secrètement que ses pensées immémoriales soient lues et reprises par ses pairs. C’est un peu le courrier des lecteurs de 2011.
Le livetweet (LT) = le café du commerce où chacun délivre sa brillante analyse du championnat de foot, à la différence près que le livetweeteur est seul sur son canapé, armé de deux extensions de sa personne, deux objets transitionnels, sa zappette et son téléphone portable – qu’il n’éteint jamais au grand jamais la reine d’Angleterre pourrait bien un jour une nuit avoir besoin de ses lumières.
J’aimerais être cette petite souris qui observe mes contemporains atteint de la livetouitte aiguë pour mieux en décrire ici les joies et les peines (France one point, Bulgaria ten points). Observer les convives à table qui SMS, touittent, pianotent à tout-va entre la poire et le fromage dans une étonnante acrobatie sociale.
Bon, je vais LT les programmes du lave-vaisselle :)))
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1 Rappelez-vous. En 2004, un dirigeant de TF1 déclarait sans vergogne :
« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...).
Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. »
(Source : Acrimed)
2 ...à ses dépens, façon de parler, 99% des tweets sont publics. Pour être tout à fait honnête et relever le niveau, Nicolas me signalait le livetweet régulier des Questions au Gouvernement ou Ce soir ou Jamais.
3 S'appliquerait aussi à la coiffure de Cécile de France dans le non moins désastreux Au-delà de Clint Eastwood. Au risque de voir quelques séants se trémousser d'agacement sur leur fauteuil, testez le LT au cinéma !

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