Dessinateur : Rémy Mabesoone
Scénariste : Olivier Mau
Parution : Juin 2006
« Achevé d’imprimé »est une bande-dessinée scénarisé par Olivier Mau et dessinée par Rémy Mabesoone. C’est un one-shot de 80 pages qui nous est proposé, entièrement en noir et blanc. Les auteurs nous content l’histoire d’un écrivain raté qui décide de tuer pour se faire publier. C’est l’adaptation du roman éponyme écrit par Oliver Mau lui-même. Les auteurs réitèreront leur collaboration sur un autre ouvrage : « Au revoir monsieur ».
Devenu orphelin lors d’un accident de voiture, le narrateur fut recueilli par Ernest, son « papou », un gendarme antisémite. Profondément déprimé, le jeune écrivain ne vit que dans l’espoir de faire publier ses écrits. Le début de l’ouvrage nous fait découvrir la vie du narrateur selon son point de vue et ce n’est pas bien rose. Il finit alors par envisager de tuer afin de devenir un serial-killer ultra-connue. Libre à lui alors de publier des écrits sur ses meurtres. Nul doute que cela deviendra un best-seller…
Le thème de l’écrivain raté et/ou sans inspiration est une nouvelle fois traité ici, avec en plus le facteur « je crée mon inspiration en tuant dans le monde réel ». Si cela n’est pas nouveau, il faut avouer que les auteurs traitent leur sujet avec violence. Le narrateur est complètement schizophrène et devient plus fou de pages en pages, allant jusqu’à se vanter d’être le tueur si recherché.
La BD est finalement construite en deux parties. Dans la première, le narrateur expose ses problèmes existentiels et sa vie. Dans la seconde, devenu actif, il tue et dialogue beaucoup avec d’autres personnages au gré de ses rencontres. Sans surprise, la seconde a l’avantage d’amener un peu d’action et de suspense. Cependant, l’ouvrage tend à être plus verbeux sur la fin et s’épuise un peu. Les 80 pages étaient peut-être de trop.
Le dessin accompagne parfaitement le propos. Tout en noir est blanc, il est soutenu par des hachures et un contraste soutenu qui le rendent d’autant plus noir. L’absence de couleur permet nombre d’effets gores (puisque le sang apparaît noir…) et accentue la noirceur de l’œuvre. Rémy Mabesoone possède une vraie patte, notamment dans ses personnages. D’ailleurs, au fil de la lecture, les cadrages se font de plus en plus insistants sur les visages des protagonistes. Les expressions, souvent excessives, rajoutent un peu de démence à l’ouvrage.
Au final, « Achevé d’imprimer » paye un peu sa longueur. La BD s’essouffle sur la fin et on finit par ne plus se soucier réellement du dénouement (pourtant surprenant). On a la sensation de rester un peu sur sa faim. Il reste cependant l’impression d’une vraie ambiance, noire et dépressive, soutenue par un dessin racé.
par Belzaran
Note : 14/20