Comment expliquer ce phénomène ? Quelles vont en être les conséquences ? A l'évidence, le pessimisme ambiant et les conséquences de la crise économique et sociale ont un effet ravageur. Compte tenu des promesses de Nicolas Sarkozy — non tenues pour la plupart d'entre elles — et de l'engouement qu'avait suscité son élection sur certaines classes sociales laborieuses et moyennes, la déception est grande. Les Français n'ont pas l'impression que la politique et les politiques peuvent vraiment changer leurs conditions de vie. Ils accusent la mondialisation, l'Europe, les banques, la corruption (si mineure tout de même en France chez la plupart des élus) et ils n'ont plus envie de s'emballer ou de rêver.
Et pourtant. Ils demeurent largement majoritaires pour affirmer que le vote demeure le meilleur moyen d'influer sur leurs conditions de vie, preuve que le suffrage universel revêt une importance rare et irremplaçable. Vers qui vont aller les voix des déçus ou des personnes en colère ? Le Front national recueillera celles de ceux qui veulent secouer le cocotier sans faire tomber les fruits, mais les plus sincères et les plus responsables choisiront sans doute les représentants des partis dits de gouvernement. Il ne fait pas de doute, qu'à gauche, le PS et ses alliés de second tour seront ceux et celles qui devront changer la politique et changer de politique.
La gauche doit à la fois rassurer et protéger. Non pas promettre des lendemains qui chantent mais gérer et anticiper. J'ignore quelle sera l'attitude des Français à l'égard des primaires à gauche mais s'il s'agit de créer une dynamique, de permettre à un (ou une) leader de se révéler, de proposer un projet prioritaire en faveur de la jeunesse, de l'éducation, de la santé, de la justice, de la défense des services publics, d'un meilleur partage des richesses, du développement durable, alors oui, cela vaudra le coup de croire à nouveau en la politique.