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Mercredi 23 janvier, l'équipe nationale de Chine sera dans les tribunes du stade Gerland. Elle y assistera au match de championnat de
France de football entre Lyon et Lorient, au terme d'un stage de plusieurs jours effectué dans le cadre de sa préparation aux Jeux olympiques de Pékin. L'occasion pour deux associations de
soutien à la cause tibétaine de demander à leurs partisans de se rassembler devant le stade pour faire entendre la voix d'un petit pays, aux intérêts sacrifiés sur l'autel de l'Olympe.
Souhaitons leur bon courage car, en cette année de réjouissance sportive, il ne leur sera pas facile de se faire entendre. La
grande kermesse du sport mondial, qu'elle le veuille ou non, est un moyen pour le gouvernement de Pékin de se faire valoir dans le grand concert des nations. En ce sens, l'olympisme, qui voudrait
nous faire croire en ses vertus thaumaturges censées ramener les dictateurs à la raison, est l'otage d'une logique reposant sur des idéaux désormais vides de sens. Économiquement et
stratégiquement, le choix de confier l'organisation des Jeux olympiques à Pékin se justifie pleinement. Humainement en revanche, c'est une imposture et la question tibétaine n'est qu'un des
freins qui auraient dû inciter les barbons du CIO à Lausanne à écarter la candidature de la plus grande dictature de la planète.
Le peuple chinois ne méritait pas cela dites-vous ? J'en conviens, mais a t-on pour autant le droit de donner le beau rôle à ce
régime totalitaire qui, a fortiori pendant la durée des Jeux où les yeux du monde seront braqués sur lui, fera tout pour museler son opposition ? Pendant que Jacques Rogge, président du CIO, nous
berce de doux idéaux avec ses futurs Jeux olympiques de la jeunesse de 2010, s'interroge t-il une seule seconde sur l'avenir de ceux qui aujourd'hui ont entre 14 et 18 ans au Tibet ? Ou ceux qui
grandis en Inde ne connaissent de leur pays que l'exil ?
Pour ma part, jusqu'en août, je vais rappeler chaque fois que ce sera possible l'absurdité de ces Jeux, où les athlètes danseront sur des
cadavres. Ceux des étudiants de la place Tian Anmen. Ceux des Tibétains massacrés en 2006 au col de Nangpa La. Ceux de tous ceux, Chinois de l'intérieur ou victimes de
l'impérialisme de ce régime communiste corrompu, qui ne seront plus là pour battre béatement des mains lors de la cérémonie d'ouverture. Philostrate, lui, sera au rendez-vous pour mettre son
grain de sel dans l'écrasante machine médiatique. Et s'intéresser à une autre Longue Marche. Celle entreprise par l'opposant tibétain Tensing Tsundue, président de l'association Friends of
Tibet. Avec d'autres exilés en Inde, il se lancera en mars dans une marche qui devrait le conduire le jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin au col de Natula, à la frontière avec
le Tibet, avec l'objectif d'y entrer en défiant l'armée chinoise en poste sur place. Il sera alors temps pour le monde de détourner les yeux ou de se ressaisir…