LE CAS 39 (Case 39) de Christian Alvart (2010)

Difficile de faire du neuf avec vingt ans de fantastique derrière, et cerné par mille ersatz de l’indétrônable Exorciste de Friedkin. Et pourtant. Le réalisateur allemand Christian Alvart (Pandorum), dans cette œuvre efficacement menée et injustement reléguée au Direct-to-DVD, parvient à dépasser les clichés monstres du pitch (l’enfant démon en tête de file) pour flanquer une trouille tout à fait correcte pour le genre. Premier atout : Renée Zellweger, habituée aux comédies dramatiques, elle fait preuve ici d’une sobriété étonnante, totalement convaincante dans le rôle de cette assistante sociale prise dans les filets de sa générosité. Après le calvaire d’une fillette que ses parents ont tenté de zigouiller, elle adopte donc Lilith (la Jodelle Ferland de Silent Hill), au prénom qui annonce d’emblée les réjouissances. Soit l’affreux côté démoniaque de la bambine, ficelle archi utilisée de La Malédiction à Dorothy, mais exploitée ici avec plus de brio qu’à l’accoutumée ; la diablotine- mauvaise comme une teigne- matérialisant les peurs des protagonistes, et permettant au passage une seconde lecture aussi motivante que new age autour du thème : affronter ses peurs les fait disparaître. Second atout : une intrigue patiente, distillant l’horreur au compte goutte dans un crescendo habile qui sait manier ses effets. Une séquence traumatisante avec des frelons par-ci, un parricide sanglant par-là, et Le Cas 39 injecte sa bonne dose de frousse, prenant tout de même le temps nécessaire pour soigner ses personnages et insuffler de l’intérêt psychologique et symbolique au massacre. Comme, par exemple, l’idée tordue d’une mère qui au travers de la bataille qui l’oppose à sa fille, ne combat in fine rien d’autre que sa propre mère, et les traumas qui vont avec.