Les écarts d'émissions de gaz à effet de serre varient considérablement entre pays de la région, les taux les plus élevés étant constatés chez les producteurs d'hydrocarbures. Le Qatar a enregistré en 2006 le taux d'émissions par tête de dioxyde de carbone le plus élevé de la planète, avec 56,2 tonnes, alors que l'Egypte atteignait seulement 2,25 tonnes, selon les statistiques des Nations unies. Dans son ensemble, la région a relativement peu contribué dans l'histoire aux émissions de gaz à effet de serre, mais elle est parmi les plus exposées au changement climatique, et le taux des émissions y est en pleine expansion.
La population du monde arabe a triplé depuis 1970 pour s'élever aujourd'hui à 360 millions d'habitants. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) estime qu'elle atteindra près de 600 millions d'habitants en 2050. Dans une région déjà confrontée à de nombreuses contraintes qui ne sont pas liées au climat, le changement climatique et son impact potentiel sur le plan physique et socio-économique vont probablement exacerber cette vulnérabilité et conduire à une instabilité à grande échelle.
Le manque d'eau représente le plus grand défi. Sans mesures urgentes, les pays arabes risquent une grave pénurie d'eau dès 2015, avertit le Forum arabe pour l'environnement et le développement (Afed) dans un rapport publié début novembre. D'ici cinq ans, chaque habitant devra survivre avec moins de 500 m3 d'eau par an, moins d'un dixième de la moyenne mondiale qui dépasse 6.000 m3.
Le changement climatique aggravera la situation dans une région où les températures pourraient augmenter de 2 degrés Celsius dans les 15 à 20 prochaines années et de plus de 4°C d'ici la fin du siècle, selon le Giec (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat).
La pénurie d'eau et la montée du niveau de la mer est déjà une réalité, mais l'opinion publique l'ignore. Des travaux réalisés par le centre de télédétection de l'université de Boston à partir d'images satellite estiment qu'une montée d'un mètre du niveau de la mer affecterait 42.000 m2 de terre dans la région - une superficie quatre fois supérieure à celle du Liban - et 3,2% de la population, contre 1,28% de la population pour l'ensemble du monde. L' étude démontre qu'au cours du siècle, le Croissant fertile (Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Israël et territoires palestiniens) perdra tout signe de fertilité si la situation n'évolue pas.
Les gouvernements arabes prennent au sérieux les pénuries d'eau - ne serait-ce que pour leur survie politique - mais laissent trop souvent les questions de climat à leur ministère de l'Environnement, selon Habib Habr, directeur régional du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
Dans une région en proie aux conflits, dirigée en majorité par des gouvernements qui n'ont pas à rendre de comptes devant les électeurs et par des élites intéressées, les questions politiques prennent le pas sur le climat et d'autres problèmes sociétaux, même si la Tunisie, la Jordanie et Oman sont des pays plus actifs que beaucoup d'autres.
Dans certains pays, les événements climatiques et la pénurie d'eau ont déjà provoqué des déplacements de population. En 2007, une sécheresse a fait des centaines de milliers de déplacés dans l'est de la Syrie. Au Yémen, le manque d'eau accélère l'exode rural et la population de Sanaa, la capitale, connaît une croissance annuelle de 8%. Le flux des migrations transfrontalières pourrait aussi grossir au vu des inégalités entre pays.
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