[article écrit et publié initialement sur Cleantech Republic, par Stéphane Parpinelli, le 30.09.10]
Au jeu de l’efficacité des infrastructures informatiques, Hedera Technology est passé maître dans l’art du contre-pied. Quand la tendance est plutôt à la virtualisation à tous crins, cette jeune start-up française, née en mars 2009, préfère s’adonner à la « physicalisation ». Késako ? « C’est une approche à l’opposé de la virtualisation, professe Jérémie Bourdoncle, Président et cofondateur de Hedera Technology. Plutôt que d’additionner des serveurs virtuels sur un même socle hardware, ce concept consiste à agréger de nombreuses petites cartes mères physiques dans un même châssis. » Chez Hedera, cette notion a donné naissance à une typologie de serveur que l’entreprise a baptisée « MicroCluster ».
Après une mission de plusieurs mois en Afrique au Sénégal, la motivation de Jérémie Bourdoncle et de son associé, Antoine Castaing, fut de concevoir un système se caractérisant par un faible coût d’acquisition, une basse consommation électrique et une haute disponibilité. Et cela pour répondre aux contraintes économiques et énergétiques africaines. Aussi, a-t-il été décidé d’embarquer dans le MicroCluster des cartes mères standards équipées de processeurs à faible consommation de type Intel Atom, Via Nano, ou ARM. « Ces puces consomment de 8 à 10 watts quand un Xeon, par exemple, consomme en moyenne un peu plus de 70 watts, explique Jérémie Bourdoncle. Elles se montrent particulièrement éco-efficaces pour des applications transactionnelles. » D’après la jeune pousse, à performance égale, un MicroCluster consomme jusqu’à 60% moins d’énergie qu’un serveur rack classique.
Un serveur à dissipation passive
Les serveurs du Français sont taillés pour exécuter des applications répondant au quartet open source Linux, Apache, MySQL et PHP. Une adhésion au logiciel libre qui vaut aussi pour Kanopya, le logiciel d’administration et d’orchestration des MicroClusters de Hedera. Ce logiciel, sous licence GPL, se charge de la répartition dynamique des applications sur les noyaux Linux de chaque carte mère, ainsi que de l’optimisation du taux d’occupation des processeurs qui composent le serveur. Ce qui participe, là encore, de l’amélioration du rendement énergétique du serveur.
La première machine de Hedera sera disponible fin octobre prochain. Elle s’appellera le Kub10. Autrement dit, celle-ci accueillera dans son châssis un maximum de dix cartes mères au format mini-ITX (17×17 cm). Les différents nœuds du cluster communiquent en Gigabit Ethernet (débit de 1 gigabit/s), le châssis du cube prévoyant un emplacement pour un switch idoine.
Atout écolo supplémentaire : le Kub10 a été conçu de telle sorte qu’il ne nécessite pas de ventilateur pour son refroidissement. La dissipation de chaleur est passive. Un espace de 3 à 5 cm est réservé entre deux étages de cartes, tandis que le haut du châssis est aéré.
La voie technique choisie par Hedera est aussi suivie par Dell
Côté performance, le Kub10, soumis au benchmark SPECweb, résiste à la charge de 2000 connexions simultanées dans une configuration à dix cartes mères. Une robustesse acceptable pour la cible visée par Hedera, à savoir des entreprises de taille intermédiaire et des collectivités locales qui choisiraient le Kub10 pour motoriser en interne leurs applications web, leurs logiciels de relation client ou de travail de groupe. Une performance d’autant plus recevable que les tarifs du Kub10 démarrent à 2000 euros.
Dans la foulée du Kub10 suivra une déclinaison de MicroCluster, nommée Rack 12 (au format 5U), qui pourra venir s’enchâsser dans des armoires de serveurs racks, de celles que l’on peut observer en se promenant dans les allées d’un datacenter. Sans ce second modèle prévu pour sortir courant novembre, Hedera se coupait du marché des centres d’hébergement d’applications.
« Nous sommes maintenant prêts à accélérer notre phase de prospection clients », confie un Jérémie Bourdoncle, optimiste. Avec un argument et pas des moindres : on ne “physicalise” pas seulement des serveurs à basse consommation chez Hedera, mais aussi chez Seamicro, une start-up californienne, et surtout chez le géant Dell avec ses serveurs Vicking et Fortuna.
Les caractéristiques techniques du Kub10