Si j'en crois mon petit cœur de mélomane (et mon top artiste LastFM), Meshell Ndegeocello est mon artiste vivante favorite. Je loue sa carrière, ses prises de risque, son talent, sa vision de la musique. Vous imaginez donc un peu mon excitation au moment de la voir passer près de chez moi. Le souci, c'est que la bassiste reste sur deux albums incompréhensibles. "The World Has Made Me The Man Of My Dreams" et (surtout) "Devil's Halo" sont des disques très expérimentaux, trop, même et je n'ai pas su la suivre dans cette musique là. Manque de bol, c'est précisément ce son là qu'elle a joué ce jeudi soir...
Meshell s'est débrouillée pour faire exactement tout ce que je lui reproche depuis trois ans. Déjà, son band est assez étrange, on trouve un bassiste (un comble pour une artiste qui excelle avec cet instrument!), un batteur Rock énervé et un guitariste, même pas de clavier. Avant même le début du show, il semblait évident que des pans entiers de sa carrière allaient être ignorés (environ les deux tiers de sa discographie, quoi). Cette impression s'est rapidement confirmée. Ce concert était surtout un jam un peu informe, sans grand relief dans lequel elle a joué des morceaux assez peu marquants comme "Love You Down" ou "Crying In Your Beer". Seul rescapé des teamps anciens, "Bitter" a été honoré par l'interprétation très classieuse de "Grace" et de "Faithful". Seuls moments où j'ai pu un peu apercevoir "ma" Meshell.
C'est frustrant, très frustrant. A l'image de ses derniers albums, Meshell s'enfuit vers des sons Rock dur d'accès, assez ennuyeux à écouter, loin des moments de beauté qu'elle savait provoquer sur scène, en des temps pas si anciens. D'autant plus qu'il lui a suffit de piocher très légèrement dans ses morceaux plus anciens pour créer quelque chose de très beau et de très élégant sur cette scène. Ce n'est qu'une simple question de choix artistique. Enfermée dans sa tour d'ivoire artistique, Meshell est à des années lumières des performances ayant fait d'elle une des artistes les plus emballantes de sa génération.
Je pense avoir vu quelques concerts maintenant et il est probable que je n'ai jamais été aussi déçu que ce soir là, devant une de mes idoles. C'est une sensation assez déplaisante.
* Meshell Ndegeocello: l'agitatrice protéiforme
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