Petit laid
Chapitre 13
Carine ne m’a presque pas adressé la parole en rentrant. Puis nous avons dîné et baisé.
Rien à signaler donc.
Je suis au milieu d’un groupe de jeunes. De jeunes très excités. De ces jeunes qui doivent s’y mettre à plusieurs pour exister. De jeunes qui, pour ne rien arranger, semblent être mes amis. J’ai le sentiment de connaître le grand dadais qui me fait face. Il s’est vissé un bob grotesque sur ses cheveux gras. Il a une bouteille presque vide à la main. Les autres arborent des oreilles de Mickey, une chemise Hawaïenne, ou même une sorte de gode-ceinture clignotante rouge et noire.
Je suis heureux. Je crois que c’est parce que j’ai bu.
Le dadais pousse soudain un cri terrible et sa tempe se met à pisser le sang. Le groupe s’enfuit en courant et je pars avec eux, sans savoir pourquoi. En me retournant je vois que nous sommes poursuivis par des hommes cagoulés, visiblement éméchés.
Je suis seul. Les autres sont toujours à mes trousses. Je suis fait comme un rat. Au bord d’une falaise, à pic. Un de nos agresseurs est déjà tout près.
Il me jette un regard, esquisse un sourire, et passe à côté de moi. Se précipite dans le vide. Son corps déchiqueté flotte maintenant entre les rochers acérés. La mer s’est parée d’une douce violine.
Une goutte d’eau salée descend le long de ma joue.
Carine part en cours. Le mardi commence. Là où le lundi m’a abandonné.