Reproduction au clapier en période hivernale.

Par Selectionsavicoles

LA REPRODUCTION AU CLAPIER EN PERIODE HIVERNALE

Dès l'approche de l'hiver, beaucoup de cu­niculteurs imposent à leurs reproductrices une période de trêve. Cette interruption de la reproduction est bien connue chez les la­pins de garenne vivant à l'état sauvage et cela est certes conforme à la nature où l'hi­ver est la grande période de repos. En effet, à la saison des bourrasques et du brouillard, du froid et de la neige, l'ac­couplement est souvent contrarié : les fe­melles acceptent difficilement le mâle. Pour beaucoup d'éleveurs, l'hiver complique les problèmes de la nourriture qui revient alors plus chère. L’abreuvement par temps de gel ainsi que l'hébergement suscitent d'autres soucis.

Cette trêve hivernale présen­te effectivement des inconvénients certains :

‑ Les reproductrices s'engraissent facile­ment, se montrent souvent réticentes à l'ac­couplement au printemps ou soulèvent des problèmes de gestation, car une interruption du rythme de la reproduction où la régularité est un facteur de réussite, s'avère souvent néfaste.

‑ D'autre part, le fait de nourrir pendant 3 mois des reproductrices en non‑activité sou­lève des problèmes financiers qui, pour un élevage de chair par exemple, peuvent mettre la rentabilité à rude épreuve. Beaucoup d'éle­veurs sont ainsi obligés d'essayer de pro­duire des animaux toute l'année.

‑ En outre, pour avoir une commercialisa­tion régulière et pour garder sa clientèle, l'éle­veur ne peut pas toujours se permettre cet­te trêve qui risquerait de la lui faire perdre.

La situation se révèle donc très différente suivant que l'éleveur essaie de faire de son élevage une reproduction rentable laissant un bénéfice, une source de revenus ou se­lon que pour l'éleveur, c'est simplement un "hobby", un passe‑temps.

Nécessité faisant loi, l'éleveur qui veut faire reproduire ses bêtes en hiver se voit obligé de résoudre un certain nombre de problè­mes soulevés par la reproduction hivernale. Ces problèmes touchent divers domaines tels l'hébergement des reproductrices, l'alimen­tation et l'abreuvement.

L'HÉBERGEMENT

Dans les régions montagneuses où les températures négatives de ‑15 degrés sont fréquentes, les clapiers en plein air sont en général peu favorables à la reproduction hi­vernale. On peut créer une bonne installa­tion avec une certaine protection (auvent protecteur qui abritera les lapins, mais aus­si la personne qui soigne les bêtes du vent, de la pluie, de la neige) brise‑vents en paille ou en planche, orientation des clapiers vers l'est, face au soleil levant.

Pour la reproduction hivernale, l'idéal se­rait d'avoir des clapiers installés dans un endroit susceptible d'être chauffé, ce qui résout d'emblée le problème. Cependant, pour beaucoup d'éleveurs, cela n'est ni pos­sible, ni rentable. Néanmoins, le cuniculteur qui veut s'adonner à la production hivernale des lapereaux devra aménager des clapiers à l'abri des intempéries, soit à l'intérieur d'un garage, d'une grange, d'une étable désaf­fectée ou de tout autre local vacant. Mais le transfert du clapier glacé dans un local plus tempéré ne devra pas être brutal, un brus­que changement de température étant suscep­tible de provoquer une infection pulmonai­re. En outre, la femelle doit être installée dans son clapier plusieurs jours avant la parturi­tion pour éviter le stress. Il est préférable d'aménager à l'intérieur du clapier, qu'il soit en bois ou en fibrociment, une boîte à nid confortable de préférence sous la forme d’une nichette, et de mettre à la disposition de la reproductri­ce de la paille ou du foin en abondance.

Peu de jours avant la mise bas, la femelle garnit la boîte à nid de paille, de foin, de poils et bourre l'ouverture, offrant ainsi aux jeunes lapereaux un nid confortable et moel­leux où règne souvent une bonne chaleur alors que la température ambiante est net­tement négative. Certes, il faut veiller à ce que au moment de la parturition, certains lapereaux ne soient pas oubliés dans le cla­pier et qu'ils ne restent pas au dehors au moment de l'allaitement. Sous ce rapport, il est important de surveiller les cages d'une façon plus méticuleuse d'où un supplément de travail.

L'ALIMENTATION

Après le problème de l'hébergement, il ne faut pas oublier celui de l'alimentation. L'éle­veur nourrissant ses lapereaux avec des granulés ou des céréales n'aura pas telle­ment de difficultés sous ce rapport ; mais celui qui dispose d'un stock de racines et de tubercules devra veiller à ce qu'elles ne gêlent pas. Il faut donc bien doser la quanti­té distribuée, repasser un quart d'heure après la distribution pour ramasser ce qui n'a pas été consommé. Le problème le plus ardu est cependant celui de la boisson.

L'ABRIEUVEMENT

Même si le clapier est installé à l'intérieur d'un bâtiment abrité, si celui‑ci n'est pas chauffé, l'eau risque de geler. Lorsque l'abreuvement est automatique, il y a dan­ger de gel de la conduite. Par période de grands froids, il est donc préférable de cou­per l'eau courante, à moins de pouvoir ins­taller des cordons chauffants électriques et de calorifuger les conduites d'eau. Comme il est indispensable d'abreuver les reproduc­trices, surtout au moment de la parturition, l'apport d'une eau tiède s'avère nécesasire. Après l'abreuvement, il importe de rejeter le reste de l'eau afin qu'elle ne gèle pas. L'abreuvement doit être assuré de préférence pendant les heures les moins froides, vers midi de préférence.

De tout cela, il résulte que la reproduc­tion hivernale dans un élevage cunicole ne s'avère pas impossible, mais qu'elle exige une dépense supplémentaire de main­-d'oeuvre, de surveillance et d'investisse­ments.