Seulement 22% de la population canadienne est francophone. En tant que francophone, je me sens minoritaire. Selon Statistiques Canada, la population francophone comporte davantage de personnes bilingues que la population anglophone. Mais je ne crois plus au bilinguisme. La plupart des francophones ne parlent plus bien français; leurs conversations sont truffées de mots anglais maladroitement traduits.
Prenez par exemple cette publicité de Bell (voir plus bas) pour le Superbowl de l’année 2011. Elle a retenu mon attention pour deux raisons.
Tout d’abord l’image est frappante. Le contraste entre ce bleu soyeux et léger que le joueur semble contenir avec tant de rigueur rend l’image très forte.
Au delà du côté esthétique, j’ai été frappée par la phrase « Avec Bell Télé – Tous les jeux deviennent spectaculaires ». Cette phrase sonne très faux à mes oreilles. Ce qui m’embête c’est que le mot « jeu » pour moi m’a tout l’air d’un anglicisme. C’est comme si on avait littéralement traduit la phrase « With Bell TV – Every game becomes spectacular ».
En anglais, le mot game traduit ici par jeu, s’utilise aussi bien lorsque deux enfants jouent ensemble, que lorsque deux équipes s’affrontent sur un terrain. Par contre en français, il m’a toujours semblé que le mot jeu n’était utilisé que dans le sens amical, et n’avait rien à voir avec le domaine sportif. Les mots me manquent pour exprimer mon mécontentement.
J’ai été vite scandalisée par cet anglicisme flagrant. Pour moi, le mot approprié a toujours été « match », qui est d’ailleurs utilisé en petit caractères dans la même bannière. Lorsqu’on parle de sports professionnels en France, on utilise également le mot « match ». Mais maintenant que j’y pense, même le mot « match » n’est pas français! Peut-être aurait-il fallut utiliser le mot « partie », même s’il est moins courant. Est-ce vraiment possible de parler français sans utiliser de mots anglais?
Je me dis souvent que parler un bon français est complètement inutile parce qu’un nombre croissant de francophones paresseux utilisent des mots anglais chaque fois qu’un terme leur échappe. Quand ils réussissent à éviter des mots anglais, ils font une traduction mot par mot, ce qui donne un phrase aussi bancale que si elle émanait de Google Translate. Par exemple, je frémis chaque fois que quelqu’un dit « bon matin », ce qui m’apparaît être une traduction littérale de « good morning » (pourquoi pas bonjour tout simplement?).
Le français est en train de se faire étouffer par la forte popularité de l’Anglais. Je ne peux pas en vouloir aux Anglophones; il revient aux francophones eux-mêmes de protéger leur patrimoine linguistique.
La qualité du Française au Québec? Ce n’est que partie remise!
Crédit photo: Les deux photos présentent sur cette page sont des captures d’écran de la page d’accueil du site officiel de Bell.
* La Belle Province est le surnom de la province de Québec
* Ironiquement au Québec, il n’est pas rare d’entendre « J’ai hâte d’écouter la game de hockey ».
posté le 14 octobre à 15:48
En fait, quand on parle du mot «jeux» dans le contexte actuel, on fait référence à «un jeu» sur le terrain. Par exemple, «un jeu de course arrière du quart-arrière avec une passe au demi-offensif pour un gain de 15 verges.» Ce n'est pas la traduction littéraire de «game».