Categories: Chroniques CDs
FOLK DARK Mais qui se cache derrière cet étrange pseudonyme? Un Suisse? Il mélange folk et country en moins lisse? Et que vaut son album COUNTRY NOIR? Réponses à toutes ces questions existentielles
COUNTRY NOIR le deuxième album de Count Gabba annonce sans attendre la couleur de la musique qu’on peut espérer entendre. Ce sera du folk-dark, de la country-sombre ou de la musique américaine avec la conscience en plus. Le suisse qui s’est par autrefois produit dans divers groupe de Métal et Punk Rock, à pris pour sa carrière en solo un style complètement différent bien que de plus en plus dans l’air du temps. C’est vrai que ces deux dernières années le public s’ouvre plus facilement sur un style de musique qui y a encore dix ans était considéré comme ringard et conservateur. « Walk The Line », Moriarty, ainsi que des gens comme Hank William III ou même le succès de certains groupes suisses signés sous le label Voodoo Rythmn Record (de notre ami Beat-Man) comme Mama Rosin ou Zeno Tornado and The Boney Google Brothers y sont pour quelque-chose. Heureusement pour Count Gabba certains côtés plus « pop » de sa musique font de lui un « outsider ».Un album à conseiller aux gens sensés
L’album commence sur un ravageur “Stay With Me” ayant un son et une rythmique proche de Tom Waits, la chanson est l’archétype même du son country-noir. Une chanson très cinématographique que l’on verrait parfaitement dans un western barré que pourrait nous concocter un Rodriguez ou un Tarantino. On continue avec un titre de country bien plus « classique ». Ceux qui aiment seront ravis d’entendre de la lap-steel, un peu de banjo, ceux qui n’aiment pas passeront surement leur tour. On préfère toutefois quand Count Gabba fait des chansons sans imiter ses confrères « ricains ». Le son brut de l’album est agréable et rappelle que la musique (surtout celle acoustique) sonne parfaitement même quand elle ne sonne pas lisse comme les productions que nous avons l’habitude d’entendre à la radio actuellement. L’album sonne comme un bon petit plat préparé à la maison entre amis.
“I Might Not Come Back Home” offre un aspect plus pop au dark-folk distillé par Gabba. Une chanson agréable qui se finit trop rapidement. “Wounded Hound” et sa lourde contrebasse imbibée, emmène le plus sobre des cowboys dans une transe alcoolique. Les paroles rappelant celles des Deads Kennedys « I’m far too drunk to fuck » confirme. L’album sonne encore mieux après quelques verres de Jack Daniels et des santiags aux pieds. “Semi-Detached Heart” s’enfonce plus profondément, cette fois du côté de la folk, la mélodie de guitare acoustique n’est pas sans rappeler les essais folk réussis des australiens de Midnight Oil comme leur chanson “One Too Many Times”. Les influences de Count Gabba sont donc variées, mais le suisse amène une fraicheur agréable à ce style de musique parfois un peu vieillot. “Hot To Handle” est plus fétard rappelant que la country est un style métissé parfois teinté de musique traditionnel irlandaise. Le violon présent depuis la première chanson est cette fois bien plus audible. De la musique de pub qui donne envie de boire des bières en tentant de s’accrocher à un buffle mécanique comme en Amérique. Le mustang de la pochette est là pour rappeler que Count Gabba est parfois insaisissable. Poussièreux, “Your Best Friend Katie” est une suite logique à un album cohérent.
Count Gabba sait prendre l’auditeur sur son tracteur pour un petit voyage fort agréable dans un pays métissé
La chanson rythmée “Lets! Make Romance!” est plus punk avec un refrain entrainant et efficace, vraiment efficace. Une des meilleure de l’album. Le comte est definitivement marqué par son passé de punk rocker. Plus groovy “Shame On You” est un duo avec Rita Peter, un changement agréable, la voix de Rita est d’ailleurs magnifique. Un super complément à Gabba qui s’accorde parfaitement avec elle, pour ma part j’aurais tendance à qualifier cette chanson comme étant le single parfait de COUNTRY NOIR. “Fall In You” est moins percutante, elle s’oublie vite. Le flow très « Dylanien » de “The Ballad Of Cleopatra” est bienvenu, bien que déjà entendu des millions de fois. La fin de l’album est moins percutante et frappe beaucoup moins fort que des chansons comme “Stay With Me” ou “Shame On You”.
Au final Count Gabba offre quelques chansons en trop, mais ce n’est pas grave, il a tant offert jusque là. En songwriter très américain et pourtant bien de chez nous, Count Gabba sait prendre l’auditeur sur son tracteur pour un petit voyage fort agréable dans un pays métissé où les origines et les influences s’entremèlent sans gène. Un petit album à faire partager à tout ceux qui se sentent dans la mauvaise époque lorsqu’ils entendent les tubes actuels, autrement dit, un album à conseiller aux gens sensés.