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Fahrenheit 451, par Ray Bradbury

Publié le 31 janvier 2011 par Acdehaenne

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

Comme le fait bien remarquer Jacques Chambon, auteur de la préface de

Ondes sonores
Fahrenheit 451, nous ne brûlons pas, ou du moins plus, de livres à notre époque. Par ailleurs, lorsque Ray Bradbury publia ce livre en 1953, les heures sombres des autodafés étaient passées. Cependant, est-ce à dire que la fin de la Seconde Guerre Mondiale marqua le retour à la liberté d’expression et d’opinion ? Les chasses aux sorcières communistes, et plus largement ce que la postérité nomma la Guerre Froide, nous forcent à répondre par la négative. Or, c’est bien de liberté d’opinion et d’expression intellectuelle, par l’écriture autant que par la lecture, dont il est question ici. 

Montag est pompier. Non pas de ceux qui sauvegardent les bâtiments du feu. Lui, il les brûle. Plus précisément, il est chargé en compagnie de la trompe dont il est membre, de nettoyer par les flammes les maisons où des livres ont été repérés. Dans ce futur alternatif, vraisemblablement américain, la lecture d’œuvres intégrales, quelles qu’elles soient, est interdite. Ainsi, même un des plus gros bestsellers littéraires est proche de l’extinction : la Bible. C’est par ailleurs amusant quand on voit ce que sont devenus les Etats-Unis… Or une rencontre, furtive, puis une seconde, vont ouvrir des perspectives nouvelles à Montag. Exit les écrans géants faisant office de téléviseurs. Exit les vitesses excessives empêchant d’observer ce qui l’entoure. Exit la compagnie de pompiers destructeurs et bienvenue à la nouvelle prise de conscience, la renaissance. Or, où est-ce que cette fuite en avant va-t-elle l’entraîner ?

Fahrenheit 451 traite de ces thèmes. Lire, et écrire, échanger même avec d’autres compagnons de lecture, sont des nécessités tant individuelles qu’intellectuelles. Les lettres permettent de figer des sentiments, des questionnements, des craintes et des angoisses. On peut ouvrir un livre dont l’auteur est mort il y a des siècles, mais y trouver le sentiment qu’il s’adresse à nous. La (re)découverte des livres va ouvrir Montag à une nouvelle naissance intellectuelle. Il deviendra capable de s’opposer, de lutter. Il deviendra doué de réflexions et d’opinions. En ce sens, Fahrenheit 451 est un vrai roman d’apprentissage. Au-delà de ça, Ray Bradbury énonce un avertissement qui résonne encore aujourd'hui : sans avoir accès à la Culture et aux Arts dans leur ensemble le plus hétérogène, comment faire pour connaitre le monde qui nous entoure ? Comment savoir l’état dans lequel il est si une institution supérieure filtre ce qu’elle pense contraire à ses intérêts ? Autrement dit, comment s’en sortir, à toutes les échelles, avec la Censure ? 

Cependant, malgré ces thèmes qui me passionnent en tant que lecteur, un drôle de sentiment persiste. Je trouve des longueurs gênantes, des répétitions comme si R.B. avait voulu ajouter au chaos de Montag, une écriture parfois hésitante. Pourtant, la montée en puissance est de toute beauté, et le final ne manque pas de panache. Scepticisme mêlé à un coup de cœur. Mais malgré tout, le coup de cœur l’emporte.

note :

Fahrenheit 451, par Ray Bradbury
Fahrenheit 451, par Ray Bradbury
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Les Murmures


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