"L'universel, c'est le local moins les murs". J'ai toujours adoré ce titre de l'écrivain portugais Miguel Torga, publié chez l'incomparable William Blake & Co. Devant les révolutions tunisienne et égyptienne, comment ne pas sentir ce moment très particulier de notre commune Histoire (vous savez bien, celle qui devait finir) où l'universel nous revient, gorgé d'un sens nouveau ?
L'universel né au sein de l'humanisme européen s'est vite transformé en caution absolutiste de l'ethnocentrisme occidental. On relira le Kant de Géographie. Bref cet universel-là, c'était les murs moins la vérité locale de l'autre. L'autre, s'il n'est pas nous, devenait ainsi invisible. Quantité négligeable et négligé.
Or ce qui se joue actuellement dans cette résurgence de l'universel grâce aux révolutions du Maghreb c'est le retour de l'autre dans le cadre d'une visibilité partagée.
L'universel appartient à tout le monde ; il n'est apparu en Europe que par hasard. Nous nous en sommes cru dépositaires, propriétaires ; mais on n'enferme pas le vent de la liberté.
Pour nous qui en avions oublié, édulcoré les principes fondateurs et déserté les aspirations, ce retour à l'universel par la jeunesse du Moyen-Orient doit être une leçon. Entretissé de diversité, porteur de questions nouvelles et de nouveaux enjeux, l'universel qui vient n'englobera pas pour dissoudre, n'étreindra pas pour étouffer - mais constituera pour tout homme et toute femme debout le départ vers de nouvelles compréhensions, de nouvelles rencontres, de nouvelles bienveillances.