SATAN LAKE, Joanne et Gerry Dryansky

Par Fleurdusoleil
Résumé Editeur :
Fille de parents divorcés, Angie, treize ans, navigue entre son père, pseudo-artiste et tombeur de lolitas dans son loft de New-York, et une mère irresponsable dont les pulsions nymphomanes s'expriment à Whitman, une petite ville "bien sous tous rapports"- et qui veut le rester. En cet été 1984 qu'elle passe chez sa mère, Angie rencontre Ross, douze ans, très éprouvé par la lente agonie de sa mère, et soutenu tant bien que mal par son père, chef de la police locale.
Lorsqu'une série de meurtres inexpliqués frappe la ville, instaurant un climat d'angoisse et de suspicion, Angie et Ross, plus vulnérables que jamais, signent un pacte d'amitié et d' indéfectible solidarité pour faire front ensemble contre l'incurie d'adultes dépassés par cette situation inédite. Privés de toute échappatoire psychologique au moment où ils en ont le plus besoin, les deux adolescents, comme contaminés par la violence qui se déchaîne autour d'eux, sont bientôt tentés de franchir la ligne rouge...
Récit, aux allures d'enquêtes policières, d'une douloureuse catharsis adolescente, Satan Lake ausculte les pathologies de la société telles qu'elles affectent la jeunesse américaine. Un roman envoûtant et redoutablement efficace, dans la lignée du film de Sam Mendes, American Beauty, ou The Virgin suicides de Sofia Coppola.

Intriguée par cette couverture énigmatique, et par ce résumé qui installe un décor brumeux, j'entame la lecture de ce roman de Joanne et Gerry Dryansky. Ce couple de scénaristes américains sont les auteurs de L'Extraordinaire Histoire de Fatima Monsour et sa suite, La deuxième vie de Fatima.
Avec ce nouveau roman, ils s'essaient à un tout autre registre. Récit dramatique sur fond d'enquête policière, Satan Lake nous fait remonter les souvenirs d'Angie, devenue femme et épouse, sur ce tragique événement de l'été 1984, qui a marqué à jamais sa vie.
Au début du livre, avec son mari, qui connait aussi cette histoire, elle décide d'exorciser ses démons, et de révéler au public la vérité ( ou du moins ce qu'elle a vécu ) à Whitman, petite ville paisible qui fut le terrain de chasse d'un tueur en série.
Son mari retracera les témoignages des différents protagonistes, il sera le "narrateur "omniscient".

Angie revient donc à l'été de ses treize ans, son arrivée inopinée chez sa nymphomane de mère, et sa rencontre décisive avec Ross, un jeune adolescent de douze ans. Deux enfants aux destins similaires, deux enfants acculés par une vie désastreuse, et abandonnés par des adultes irresponsables ou débordés.
C'est là que le résumé éditeur devient brumeux, mais je dois avouer que je comprends parfaitement leur démarche. Comment parler de ce drame, sans en dévoiler trop. Car sous couvert d'une enquête de police, ce roman est plus profond, plus noir. Ce qui est important n'est pas ce qui est écrit mais ce qui est sous-entendu. Une impression d'oppression s'installe au fur et à mesure de la lecture. On entre dans l'horreur, mais pas celle qui est dépeinte. C'est une sournoise intrusion dans un monde chaotique qu' Angie va devoir affronter en venant à Whitman.
Satan Lake est le point de départ du Mal.

De chapitre en chapitre, nous alternons les points de vue de la petite Angie et les témoignages des autres acteurs entraînaient malgré eux dans ce drame. Cette innocence perdue, ces deux enfants qui crient au désespoir sont tellement touchants, leur histoire serre le coeur, noue les entrailles. On referme le livre sur leur passé commun et l'on est au bord des larmes. Du moins c'est l'effet qu'il m'a fait.


Je mets donc Satan Lake dans mes coups de coeur 2011, et je vous invite à le lire.