Résumé Editeur :
Clairvaux, instants damnés a pour cadre la prison de Clairvaux où l'auteur a passé une grande partie de sa vie. Des hommes hors normes s'y cotoient : des prisonniers, sous la surveillance vigilante d'une poignée de "matons". La drogue et l'alcool y circulent, et la solidarité n'y est pas un vain mot. Dans ce décor qu'il dit avoir "aimé" malgré tout, Régis Schleicher expose comment un homme doit, s'il veut survivre sans pour autant se renier, tuer celui qu'il a été pour pouvoir se reconstruire. Un témoignage exceptionnel sur les très longues peines.
Régis Schleicher est un ancien membre d'Action Directe, groupe armé anarcho-communiste. Il est condamné deux fois à la réclusion à perpétuité pour sa participation à la fusillade de l'avenue Trudaine le 31 mai 1983, qui coûta la vie à deux policiers. Sa peine fut assorti d'une peine de sûreté incompressible de 15 ans.
Après sa tentative d'évasion de la prison de Moulins, réputée la plus sécurisée de France, il est transféré à la maison centrale de Clairvaux. Après vingt cinq ans passés derrière les barreaux, depuis sa première incarcération, il bénéfie d'un régime de semi liberté, puis d'une libération conditionnelle le 26 mai 2010.
Dans Clairvaux instants damnés, Régis Schleicher revient sur ces nombreuses années d'enfermement en nous dévoilant son quotidien parmi les exclus de la société.
Le livre est composé des souvenirs instantanés, de personnes qui ont marqué sa vie de taulard, qu'elles soient détenus comme lui ou membres du personnel. Chacune d'elles lui a offert des moments qu'il a gravé dans sa mémoire.
Mais il est aussi rythmé par ses réflexions sur la détention et les conditions d'enfermement dans les établissements pour longues peines.
Avec beaucoup de diplomatie et de pertinence, il met au jour les discordances naturelles entre les détenus et ceux qui sont en charge de les garder. Cette cohabitation forcée met en évidence des dysfonctionnements nuisibles à la socialisation d'individus mis au ban de la société.
Beaucoup de sujets viennent nourrir ses pensées. Il revient entre autre sur le problème de promiscuité et d'atteinte aux moeurs lors des parloirs.Ce lieu où les détenus reçoivent les visites de leurs proches est aussi celui de moments intimes maladroits pour les couples. Ce qui donne forcement lieu à des débordements et des heurts. Depuis des solutions ont été trouvées pour régler ce problème au travers des salons familiaux ou des unités de visite familiale. Schleicher parle très peu de lui. Il dépeint ses camarades d'infortune et ce qu'ils lui ont apporté.
Ce témoignage, écrit avec pudeur mais discernement, offre 300 pages d'un quotidien sous surveillance.
Ce livre m'a été offert dans le cadre de l'opération masse critique organisée par Babelio. Je les en remercie, ainsi que l 'Editeur pour l'envoi de cet ouvrage.