C'est toujours plus dur la première fois
Par Thibault Malfoy
De ses vocalises, le jeune écrivain (qui par ailleurs peut être vieux, là
n’est pas la question) tire un matériau brut et baroque que l’expérience n’a
pas encore poli. Et c’est peut-être là toute sa force, puisqu’il donne sans se
soucier de l’avis du public qu’il n’a pas encore.
Bien sûr, cela
présente quelques imperfections : l’éponge qu’est tout auteur dégorge pour la
première fois tout ce qu’elle a emmagasiné ; la digue cède. Et surviennent
alors les vagues du lyrisme mal contenu, sur lesquelles surfent les références
littéraires appelées en renfort, sait-on jamais, au cas où on ne nous prendrait
pas au sérieux. Sont ainsi convoquées au chevet de l’auteur les figures qui ont
nourri de leur encre son imaginaire encore immature et que sa faiblesse de
prématuré ne saurait faire taire pour le moment. Ces spectres seront les
tuteurs qui guideront sa main dans les moments de doute.
Un premier roman, c’est donc aussi l’occasion d’accepter un héritage, avec
toutes les dettes que cela comporte. Passage de témoin incontournable : on ne
saurait écrire sans avoir rien lu au préalable.