L’événement
A pas de neige
A pas d’oiseau
Vient te surprendre
Berger dépose
Sous la mangeoire
Ta chair criblée
Par sa lumière
Gérard Bocholier, Du feu jeté, L’Arrière-Pays, 2004, page 17
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Les paroles laissées
Sur ces bords par le vent
Ne sont pas des adieux
Légués à la lumière
Des graines seulement
De ciel à mettre en terre
Gérard Bocholier, La Venue, Arfuyen, 2006, page 77
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Comme dans un rêve, surgit devant moi tout à coup un visage disparu, illuminé par la mort ou ce qui se cache derrière elle. Un paysage suit, un jardin, à une des premières heures du soir. Les maisons du village s’effacent doucement sur la pente. Le puy sombre se teinte à l’horizon d’un mauve étrange. Un parfum d’œillets s’élève, réservé à celui qui reste là, vaguement en attente de quelque chose, et les prémices sont déjà délicieuses.
Terre reconnaissante, tu parais prête à livrer le fin mot, celui que le poème ne dira jamais ! Mais tu refermes aussitôt cette porte que la plus fine des pluies avait entrouverte.
A l’instant précis où, par la fenêtre entrouverte sur cette matinée de septembre, une brèche se fait dans la chaleur dorée, souffle frais et mobile, comme au passage rapide d’une aile, le sens de la réalité s’évanouit, pour ne me laisser qu’un trouble difficile à analyser, pourtant tout de suite agréable . Ce souffle est une haleine, et même semble parler derrière les poussières et les blocs de temps. Il s’insinue comme une flèche entre les feuillages et semble dire : « Le secret, le voici. Bois-le de tout ton visage d’ignorant, saisis-le sur tes paupières fatiguées. Vois comme tout est simple et lisible en moi, lumière et vent ! »
Gérard Bocholier, Abîmes cachés, L’Arrière-Pays, 2010, pp. 27 & 46
Bio-bibliographie de Gérard Bocholier
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