Un bulletin de salaire, c'est comme un oignon : il faut l'éplucher avant d'arriver au coeur, votre saint-graal : " le net à payer ", en gras de préférence. C'est ce que vous verse votre patron à la fin du mois. Mais avant d'y arriver, le parcours est semé d'embûches. Dailyconso vous guide.
Les informations administratives et professionnelles
En haut de page doivent figurer toutes les informations administratives. Les basiques, du genre nom, prénom, adresse. Pour l'entreprise, se rajoutent les numéros Siret et APE, et l'organisme URSAFF qui récolte les cotisations.
Pour vous, votre numéro de sécurité sociale, parfois votre matricule dans l'entreprise, la date de votre entrée en fonction et la période de paie du bulletin.
Juste en-dessous, votre situation professionnelle est précisée : l'intitulé de votre poste et la convention collective dont votre boîte dépend. Un coefficient est attaché à votre poste. Sa valeur est précisée dans la convention collective.
Le tableau central : lire entre les lignes et les colonnes
Vous pouvez alors vous attaquer au gros du morceau. À première vue, c'est un tableau avec des lignes écrites en tout petit aux intitulés bizarres ou remplies de chiffres. Avant d'entrer dans le détail, une vue d'ensemble s'impose.
Les colonnes de droite, appelées charges patronales, ne vous concernent pas. C'est ce que votre entreprise verse aux organismes sociaux, en plus de votre salaire.
La ou les colonnes du milieu sont appelées en général " Montant ". Les nombres, exprimés en euros sont soit ce qui vous est crédité (salaire, primes), soit ce qui vous est déduit (cotisations). Le résultat de cette addition se trouve en-bas, dans la colonne " net à payer ".
Dans les deux colonnes à gauche, vous trouvez soit des taux en pourcentage, soit des unités de mesure (heures ou jours travaillés, assiette sécurité sociale). C'est ce qui sert à calculer le montant de votre salaire et de vos cotisations.
Le salaire brut
Ne vous perdez pas dans les détails ! Vous pouvez rassembler les lignes en différents blocs. Le premier : le calcul du salaire brut. C'est le nombre de jours ou d'heures travaillées (colonne quantité/Base) multiplié par un taux horaire (colonne taux). La durée mensuelle légale est de 151,67 heures par mois pour 35 heures par semaine.
Figurent aussi vos heures supplémentaires comptées à part car elles bénéficient d'une majoration, et des primes diverses et variées (13ème mois, indemnités de précarité pour les CDD). L'ensemble constitue le salaire brut. Si vous avez fait grève, il est interdit que cela apparaisse. Si vos heures de grève ne sont pas payées, vous devez voir marquer " absence non rémunérée ".
Les cotisations sociales
À chaque cotisation correspond un taux (colonne taux). Dans la colonne quantité/base se trouve votre revenu salarial sur lequel s'exerce le taux. Attention : ce revenu varie en fonction de la cotisation. La cotisation se calcule soit sur votre salaire brut, soit sur un plafond défini par la sécurité sociale (2946 euros par mois en 2011). Les lignes de cotisation sont divisibles en sept blocs :
Bloc n°1 : les cotisations de la sécurité sociale (" SS Mal/Mat/Inv/Vieil "). Cela comprend votre participation et celle de votre patron aux assurances maladie, vieillesse, retraite et maternité. Sont précisées aussi les cotisations que verse exclusivement votre employeur : participation aux branches accident du travail et prestations familiales, contribution de solidarité en faveur des handicapés et des personnes âgés, la taxe transport et la participation au fonds national à l'aide au logement (FNAL).
Votre patron peut supprimer les lignes le concernant. Mais il doit alors vous remettre un document récapitulatif tous les ans.
Bloc n°2 : la contribution sociale généralisée et la contribution au remboursement de la dette sociale ou CSG et CRDS. Il s'agit d'un impôt prélevé à la source, et non une cotisation. La CSG et la CRDS financent la sécurité sociale. Là, vous seule la payez.
Bloc n°3 : les assurances chômage. Votre cotisation alimente le fonds d'indemnisation des chômeurs. L'employeur cotise aussi à une caisse qui permet de payer les salariés des entreprises en liquidation judiciaire (AGS ou FNGS)
Bloc n°4 : les cotisations pour la retraite complémentaire. Il s'agit de tous les versements aux organismes de retraites complémentaires : AGFF, Arrco. Si vous êtes cadre, vous avez votre propre caisse complémentaire, l'Agirc, et vous cotisez en plus pour l'Apec (Association pour l'emploi des cadres), qui se charge de reclasser les cadres au chômage.
Bloc n°5 : les cotisations pour les mutuelles prévoyances. Elles sont obligatoires et vous couvrent en cas de décès ou d'invalidité.
Bloc n°6 : les autres retenues comme les tickets restaurant , les acomptes, ou le remboursement de prêt si vous en avez un auprès de votre employeur.
Bloc n°7 : les cotisations patronales pour la taxe d'apprentissage et la formation professionnelle.
La zone de cumul
Vous n'êtes pas arrivée au bout de votre peine mais vous avez fait l'essentiel. À côté du salaire net doit être précisé le mode de versement, et votre numéro de compte si c'est par virement.Dans la zone de cumuls, vous verrez votre revenu imposable : c'est votre salaire brut moins les cotisations déductibles fiscalement comme la CSG. C'est cette somme que vous déclarez pour vos impôts.
Les compteurs individuels
Là sont dénombrés vos congés payés, vos RTT et vos jours DIF (droit individuel à la formation) : le nombre auquel vous avez droit, ceux que vous avez pris et ceux qui vous restent (solde). La date pour le calcul de l'ancienneté est aussi marquée dans cette zone. Important en cas de licenciement.
Enfin, placée tout en bas la mention suivante est obligatoire : " dans votre intérêt et pour vous aider à faire valoir vos droits, conservez ce bulletin sans limitation de durée ".
Réjouissez-vous, il n'y a pas de verso !
M.C