Comment se sent-on lorsqu'on pose un pied au Paradis mais qu'on ne peut y rester ? On se sent vidé, défait, anéanti…
Pourtant, rien n'est allé de travers, bien au contraire :
La journée a commencé par un petit-déjeuner sur la terrasse, le soleil dardant déjà ses chauds rayons sur Abel Tasman National Park, du nom du premier Européen à découvrir la Nouvelle-Zélande.
Ce parc de 225 kilomètres carrés est le plus petit, mais néanmoins le plus fréquenté du pays. La réserve est vallonnée de collines boisées en bord de la Tasman Sea, ce qui rend les 51km de randonnée en bord de mer particulièrement agréables. Le climat est parmi le plus ensoleillé de l'île et l'ombre des arbres bienvenu, alors que l'eau reste plutôt fraiche (comparée à Cairns, par exemple).
Les activités les plus prisées sont la randonnée (il faut compter 3 à 5 jours pour longer toute la côte), le kayaking et le camping. Les 3 peuvent être conciliées pour s'imprégner du pays et par exemple dénicher des moules (délicieuses), les Blue Pinguins (les plus petits pingouins du monde), les phoques ou même les baleines.
C'est en catamaran depuis Kaiteriteri que j'ai choisi de découvrir le pays, passant par l'incontournable Split Apple Rock,
La piste de la côte est ce que tout le monde veut, mais l'intérieur des terres peut aussi receler des secrets, comme Cleopatra's Pool : après 2 chutes d'eau, l'eau est déviée le long de la roche qui forme un toboggan naturel d'une dizaine de mètres. Emporté par le cours d'eau, on y glisse jusqu'à la dépression formée au pied pour y boire la tasse, tout surpris qu'on ce retrouve…
L'eau y est glacée et j'ai encore les ecchymoses dues au frottement sur la pierre, mais l'expérience vaut le détours !
Les 15 kilomètres de marche au retour jusqu'à Motueka furent parmi les plus beaux jusqu'ici, dans le calme de la forêt et la vue sur les baies environnantes. Certaines parts du sentier ne sont à accessible qu'à marée basse, à moins de préférer franchir à gué ou en kayak. Ici, la marée peut varier jusqu'à 6 mètres et se recule d'un sacré bout : mais où est la mer ? Oh ! Là-bas au bout ! Qu'on m'amène mon cheval.
Ce fut au détour du sentier, surplombant la mer, que j'ai découvert Apple Tree Bay, une des plages aménagées en camping. De hautes herbes cachent les tentes les unes des autres, aménageant des coins discrets aux campeurs. Une petite rivière serpente depuis la forêt, idéale pour jouer au frisbee et rafraichir les bières. Le sable chaud et doré n'attend que d'être foulé ou d'accueillir les kayaks. Quelques arbres amènagent une place d'ombre propice sous le dur soleil de midi.
Ce lieu n'est rien moins qu'un coin de Paradis qui m'a charmé et envoûté. Tout était exquis et semblait à la place qu'elle devait être.
Une fois atteint, je n'avais pas envie de le quitter, mais planter la tente, ouvrir une bière et ramasser le bois pour le feu…
Au lieu de cela, il restait 1h30 de marche, les pieds fatigués et l'esprit abattu de ne pouvoir camper à Apple Tree Bay pour la nuit…
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