De plus en plus souvent les médecins constatent que les effets de certains produits toxiques sont très largement différés dans le temps. C'est le cas de l'amiante, des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A ou les phtalates, de la dioxine, des pesticides....
Mais il existe probablement d'autres polluants dits " émergents " dont on risque de ne connaître les effets que beaucoup trop tard.
Les Ministères de l'Ecologie et de la Santé ont donc décidé de lancer une grande étude de cohorte " ELFE " dans le cadre du 2ème Plan National Santé-Environnement (PNSE2). Elle portera sur le suivi de 20 000 enfants pendant 20 ans pour observer la survenue d'événements de santé pendant cette période particulièrement à risques du fait de l'immaturité des enfants et de la croissance rapide de leurs organes.
L'étude permettra d'étudier par exemple les conséquences de l'exposition, aux pesticides ou aux perturbateurs endocriniens, et des effets cocktails sur le développement neuronal ou endocrinien des enfants. Et de mesurer les effets à long terme de la pollution de l'air extérieur et intérieur, des radiations UV ou électromagnétiques, ou encore du bruit, de l'environnement social...
Les 20 000 enfants seront recrutés tout au long de l'année 2011 dans 344 maternités tirées au sort dans les 22 régions métropolitaines. Des prélèvements biologiques sang, urines, selles, lait maternel... seront effectués sur 10 000 couples mère-enfant. La collecte sera effectuée en partenariat avec l'Etablissement Français du sang. Les échantillons serviront à mesurer le taux d'imprégnation des mères et des enfants à certains polluants et de faire une étude comparative dans le temps.
Parallèlement une étude épidémiologique " Epipage " portant sur les petits âges gestationnels sera également lancée. Pendant 7 mois, 5000 enfants prématurés (nés entre 22 et 33 semaines d'aménorrhée) seront recrutés.
Près de 60 équipes de recherche seront mobilisées.
L'étude ELFE débutera le 28 mars 2011.
Une occasion unique de mesurer enfin l'impact de l'environnement sur la santé humaine et la vie sociale. Les Ministères de l'Ecologie et de la Santé comptent sur l'adhésion massive des futures mamans à ces deux études. Nul doute qu'elles auront à coeur d'y participer.
Hervé de Malières
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