Aussi, ai-je opté pour de l'anecdotique et du dérisoire. Cette année, sous le titre Les Titans, de Brahms à Strauss, les Folles journées se tournent vers la musique germanique post-romantique, la Folle Journée 2011 présente près de cent ans de musique, de 1850 à 1950, soit de Brahms à Richard Strauss et aux compositeurs de l’Ecole de Vienne. Ce week end, les concerts avaient lieu en région avant d'être présentés à Nantes à partir de mercredi prochain.
Même en région, les billets de certains concerts s'arrachent à l'ouverture de la billeterie. C'était le cas pour entendre le concerto pour piano et orchestre n°2 de Johannes Brahms interperté par Boris Berezovsky, star incontesté des folles journées et l'orchestre philarmonique de l'Oural sous la direction dmitri Liss. La salle était pleine. Et le concert a été à la hauteur des attentes. La virtuosité de Boris Berezovsky au piano, une fois de plus démontrée. Et dans sa grande générosité, le pianiste a offert en rappel deux pièces complémentaires qui ont laissé a salle enchantée.
Suivait une jeune japonaise, Sayaka Shoji, ayant été la plus jeune lauréate à remporter le prix Paganini. Elle serait la meilleure violoniste au monde. Jean Sébastien Bach et du Max Reger étaient au programme. Seule avec son violon, au milieu d'un cercle de lumière, les yeux fermées, elle jouait pour nous, le visage travaillé par l'émotion. Par malchance, une danseuse l'accompagnait dans deux des pièces interprétées et si de son talent, il n'y avait rien à redire l'ensemble ne collait pas. Les deux jeunes femmes ne s'accordaient pas, l'une distrayait l'autre et les spectateurs également.
Au troisième concert, la salle n'était plus qu'à moitié pleine et c'est pourtant là que venait la surprise. Deux pièces de Brahms pour violoncelle et piano et deux russes pour les interpréter. Alexander Kniazev au violoncelle et Andrei Korobeinikov au piano. Si le second m'était un peu familier, le premier m'était inconnu, je me demande encore pourquoi. Pourtant, il avait un fan club de dames qui l'attendait avec impatience. Alexander disait ma voisine de droite, il va être surpris de me voir là, quant à celle de gauche, elle se remaquillait avant l'arrivée en scène de l'artiste et derrière moi, d'autres dames parlaient d'Alexander comme si c'était l'un de leurs grands amis... Et cette autre dame qui arrivait du pays basque pour l'entendre et me vantait les qualités accoustiques de la salle de concert de Bilbao. Enfin Alexander est entré en scène... l'homme est surprenant, un peu sauvage, presque gauche à la limite bourru, se réfugiant derrière une tignasse qui cache le visage. Mais lorsqu'il joue, il est aérien, sensible, émouvant et ravit immédiatement l'écoute avec une palette de sons dynamique inépuisable, infiniment cultivée, et d'une énergie rare. Le public a été fasciné et j'en étais car le pianiste possédait tout autant de talent et à eux d'eux ils ont offert un moment rare, celui où le temps se suspend pour nous emporter vers un ailleurs dont on revient à regret mais dont il reste quelques étoiles fichées dans les têtes.
Aussi, allez-y et ennivrez-vous de musique à n'en plus pouvoir, elle embellit le monde et il en a besoin.
A partir de mercredi à Nantes : Le programme