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Interdiction de la conférence avec Stéphane Hessel à l'ENS : quand la censure fait « débat »

Publié le 31 janvier 2011 par Unpeudetao

L’auteur du livre actuellement le plus vendu en France, invité sur de nombreux plateaux, interdit de parole à l’ENS ? L’affaire allait, sans nul doute, faire grand bruit. Et pourtant.. L’interdiction d’une conférence-débat à l’ENS qui devait se tenir en présence de Stéphane Hessel, portant sur la criminalisation du mouvement militant en faveur du boycott d’Israël, n’a pas été ouvertement condamnée par la plupart des grands médias traditionnels, farouches défenseurs de la liberté d’expression, mais uniquement quand elle se confond avec la liberté de la presse, voire de leur presse.

Si quelques médias indépendants se sont clairement prononcés, la presse écrite, dans ses versions imprimées ou électroniques, a très tardivement et très peu réagi et, lorsqu’elle a évoqué l’affaire, l’a fait de manière approximative, partielle et parfois surprenante. Retour sur une tragicomédie en 4 actes.

Acte I : Un silence remarquable

La décision d’interdire la conférence à laquelle était convié Stéphane Hessel a été rendue publique le 12 janvier. Dès le 13, le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), par la voix de son président Richard Prasquier se félicite de cette annulation et revendique, à mots à peine couverts, sa responsabilité dans la décision prise par la direction de l’ENS : « Valérie Pécresse, Ministre des Universités, ainsi que le rectorat de l’Université de Paris que nous avons contactés en urgence ont réagi sans ambiguïté : je leur rends hommage, ainsi qu’à Claude Cohen Tanoudij, Prix Nobel de Physique, Bernard Henri Lévy et Alain Finkielkraut, tous anciens élèves de l’Ecole Normale Supérieure ».
Plusieurs organisations et associations membres du « Collectif National pour une Paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens » réagissent à leur tour et condamnent cette décision. C’est ainsi que l’Association France-Palestine Solidarités publie sur son site, le 15 janvier, le texte d’un « Collectif de Normalien-ne-s indigné-e-s d’une ENS indigne », rédigé le 14 janvier par plusieurs élèves et enseignants de l’ENS.

L’information est donc, dès le 13-14 janvier, connue, publique et disponible. Gilles Paris, rédacteur en chef adjoint du service International du Monde, l’évoque d’ailleurs sur son blog le 14 dans un billet intitulé « Stéphane Hessel indigne le Crif »..

Mais un tour d’horizon des grands quotidiens nationaux et de leurs sites, ainsi que des sites des hebdomadaires et des dépêches d’agences nous apprend que l’information ne mérite même pas leur attention : l’annulation de la conférence n’est évoquée nulle part. Ce n’est pourtant pas tous les jours que l’auteur du livre le plus vendu en France (950 000 exemplaires imprimés à l’heure actuelle..) et qu’une ancienne Garde des Sceaux (Elisabeth Guigou) sont privés de la possibilité de s’exprimer dans un « haut lieu de la culture » comme l’ENS. Ce n’est pas tous les jours, non plus, qu’une organisation qui a pignon sur rue comme le CRIF déclare qu’une Ministre en exercice (Valérie Pécresse) et deux intellectuels des plus médiatiques (Finkielkraut et BHL) – qui ont démenti depuis - sont intervenus pour faire empêcher une réunion publique.. Vous avez dit « silence assourdissant » ?

 Acte II.. lire l'article :
http://www.acrimed.org/article3522.html

Julien Salingue.

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Acrimed, Action Critique Médias :

http://www.acrimed.org/


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